Le gouvernement prépare une nouvelle campagne de sensibilisation autour du concept de « geste barrière » en cas de toux ou d’éternuement. Les spots préconiseront de se soulager dans sa manche, à défaut de mouchoir.

Évidemment, puisque c’est encore l’été, tout le monde est en t-shirt ou en débardeur, et par ailleurs il est prouvé que le geste barrière effectué dans une bretelle de soutien gorge n’est pas efficace. Qu’importe, les alternatives sont nombreuses : on peut réussir son geste barrière dans toutes sortes de supports, comme par exemple un rideau ou une moquette. A tout le moins, on prendra soin de ne pas tousser et éternuer à l’air libre et de confiner le microbe : en cas d’urgence il est permis de procéder à un geste barrière freestyle dans un tiroir, un congélateur ou une boîte aux lettres.

Il en va de même pour la pratique du crachat qu’affectionnent les Français. Expulser un glaviot bien gras n’est plus du tout en conformité avec la politique de santé publique. La rédaction elle-même a du se résoudre à quelques sacrifices. Elle se remet difficilement d’une crise qui a émaillé notre dernière conférence. Athanase B., à qui on venait d’apprendre que cette semaine il ne pourrait pas aller cracher sur la tombe de François Mitterrand, a craqué nerveusement et a tenté de se suicider au Jack Daniel’s, heureusement sans succès.

Certaines municipalités souhaitent franchir le pas de l’interdiction. Ainsi, le maire de Coulaines, un gaucho notoire mais apparemment très sensible à l’ordre public bravepatriote, a carrément publié un arrêté qui prohibe purement et simplement le crachat. En cas d’infraction, le contrevenant sera invité à récupérer sans délai sa souillure d’un vigoureux coup de langue sur le trottoir. Il a même écrit à Jean-Pierre Escalettes et à Michel Platini pour qu’ils exigent des joueurs de football de ne plus cracher sur la pelouse pendant les matchs. Selon nos sources, il préparerait également un courrier à destination de la direction de Mac Do pour demander aux cuisiniers de ne plus cracher dans les sandwichs.

Pour réussir un crachat sans risque, nous proposons toutefois à nos lecteurs quelques gestes barrières simples à exécuter. On peut par exemple avaler dans la dignité et dans l’honneur mais avec prudence : le remède peut être pire que le mal si l’opération provoque des vomissements intempestifs, et surtout cette pratique serait un facteur de transmission de la chiasse A selon certains scientifiques. On peut également garder le crachat dans la main jusqu’au prochain geste barrière dans un rideau ou une moquette pour faire d’une pierre deux coups.

A noter que le masque chirurgical, très efficace contre la toux et l’éternuement, est en revanche désastreux s’il est utilisé pour prévenir l’émission de crachats : tels qu’ils sont conçus ils ne comprennent aucun réservoir pour recueillir les sécrétions, qui s’écoulent donc librement dans le cou de l’utilisateur. Les tests effectués en laboratoire ne sont absolument pas concluants. Le ministère de la santé suggère donc, pour ceux qui ne souhaitent pas se contenter de l’aléa des gestes barrières, le port constant du préservatif (voir ci contre). Et là plus aucun risque, on peut tousser, éternuer, cracher en toute sécurité, sans être une menace pour la santé publique.

Enfin, se laver les mains est d’une importance capitale. On sait les Français peu enclins à l’hygiène corporelle, c’est pourquoi le ministère de la santé leur apprend comment faire. Si au passage ils pouvaient aller au delà des poignets, comme par exemple sous les bras ou entre les fesses, on s’en porterait pas plus mal.

Merci de votre attention et bonne grippe.