Didier Kala, mardi 9 décembre 2008 - 15:14
Toujours plus loin dans la rupture : c’est une nouvelle ère dans la gestion de la chose publique qu’a inaugurée le Président Sarkozy en créant la semaine dernière le premier Ministère Temporaire et en annonçant dans la foulée la fermeture d’un second. Concept révolutionnaire, les Ministères Temporaires empruntent au monde informatique la méthode agile et au poisson rouge sa concentration, et permettent d’adapter la composition du gouvernement à toute situation nouvelle en des temps record. La création du Ministère de la Relance et la disparition prochaine de celui du Travail n’en sont que la première manifestation.
On ne pouvait attendre de Nicolas Sarkozy qu’il reste longtemps dans l’ombre de son ancien disciple, Barack Obama. C’est ainsi qu’il a entamé vendredi dernier, plus d’un mois avant l’investiture du nouveau président américain, un vaste programme de changement de la politique telle que nous la connaissions : seront désormais créés, en fonction des besoins, des ministères ad hoc dont la durée de vie sera limitée à l’exécution de leur mission. Ainsi le ministère de la Relance, dont Patrick Devedjian lui-même souhaite que son existence ne soit plus nécessaire d’ici deux ans. Ou le ministère du Travail, qui disparaîtra avec le départ de Xavier Bertrand à l’UMP en janvier puisque le travail est aujourd’hui obsolète en France.
Il arrivait jusqu’alors que des ministères voient leur nom optimisé en fonction des préoccupations des Français (Développement durable, Identité nationale, etc.), mais jamais leur mode de fonctionnement n’avait été maximisé à ce point.
En effet, la création ex-nihilo d’un ministère - ou sa dissolution - présente de nombreux avantages :
concentration du temps de parole gouvernemental sur les sujets essentiels. On le déplore mais c’est un fait : un certain nombre de journalistes traitent encore des sujets de fond auxquels seule une minorité de Français s’intéresse. S’il est normal que soient recueillis les points de vue des membres du gouvernement ou de la majorité présidentielle, ceux-ci sont malheureusement décomptés du temps de parole qui leur est imparti. Un déficit de temps qui peut pâtir à d’autres sujets plus importants sur lesquels les citoyens mériteraient d’être mieux informés, comme par exemple les pédophiles récidivistes. En faisant disparaître le ministère de tutelle d’un problème, il n’est plus besoin d’y réagir officiellement ; en en créant un nouveau on façonne l’actualité.
distribution optimale des talents dont dispose l’UMP. C’est un problème qui affecte chaque parti qui accède au pouvoir : que faire de tous les talents qui grouillent dans ce panier de crabes giboyeux vivier ? En se servant de ministères tournants et temporaires, la réponse est toute trouvée : chacun son tour en fonction de son adaptabilité aux priorités stratégiques du Président de la République ou de son épouse. Ainsi, finies les petites rancunes tenaces qui finissent par empuantir les colonnes du Canard Enchaîné.
disparition de la contestation. Si l’opposition non démocratique ne sait pas qu’un ministère existe ou n’existe pas, il lui devient compliqué de contester la politique que celui-ci mène. De la même manière, une hypothétique opposition démocratique aura les plus grandes difficultés à proposer une alternative crédible à un programme dont elle ne maîtrise pas le rythme [1].
répartition raisonnée des fonctionnaires. Les personnels de la fonction publique posent le problème apparemment insoluble d’être à la fois beaucoup trop nombreux et jamais là quand on a besoin d’eux. Un simple réagencement périodique des contenants permettrait sans aucun doute de le pallier, et ce sans plomber les finances publiques ni provoquer d’engorgement des grands boulevards. Quantitativement - si pas qualitativement - des fonctionnaires corresctement versés dans le bon ministère au bon moment devraient permettre d’absorber les contrecoups de n’importe quelle tempête médiatique, et de garantir la stabilité de l’ensemble du gouvernement.
La Relance et le Travail ne sont certainement pas les deux seuls secteurs auxquels les Ministères Temporaires peuvent s’appliquer. La France a d’autres besoins en storytelling, d’autres causes perdues et encore plus de fonctionnaires soucieux de donner le meilleur d’eux-mêmes pour le service des Français désœuvrés.
On pourrait ainsi envisager un ministère du Rapprochement Franco-américain (et qui plus que Chloé Mortaud serait apte à le diriger ?), ou bien un ministère du Monstre (Pédophile) Sous le Lit, placé sous la houlette de Nadine Morano, assistée comme d’ordinaire par Pablo Escobar.
De quels autres Ministères Temporaires la France a-t-elle besoin ? Quels ministères sont au contraire redondants ou obsolètes ? Laissez vos idées dans le forum ci-dessous ou sur Fafbook, et un outil de veille gouvernementale sélectionnera automatiquement les meilleures !
[1] nous le répétons, il s’agit là d’une hypothèse
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