Didier Kala, jeudi 26 janvier 2006 - 10:44
Actrices ultimes de la politique de prévention dans notre pays, groupes de terrain à taille humaine, les brigades anti-criminalité sont pourtant mal aimées de la population, qui bien souvent ne les comprend pas. Face à ce consternant fossé d’incompréhension, le gouvernement a décidé d’aller de l’avant et fait le pari de gagner les cœurs et les esprits en adoptant une communication visuelle audacieuse et actuelle.
La scène est banale et navrante : rentrant chez lui après une longue nuit passée à débusquer le fauteur de troubles potentiel avant qu’il n’agisse, un fonctionnaire de police harassé prend une légère collation et croise sa femme devant la télévision avant d’aller occuper le creux encore tiède et girond qu’elle a laissé dans le lit. Il s’octroie quelques minutes de bonheur familial simple en regardant Télématin avec elle, avant de prendre enfin ce repos qui lui permettra ce soir de veiller au grain quand l’honnête citoyen et son honnête citoyenne s’oublieront en une brouette mexicaine insouciante.
Dans le poste, un intellectuel de gauche matinal fustige ces policiers qui se prennent pour des cow-boys. Gratuitement stigmatisé par un inconnu, notre fonctionnaire de police ravale ses larmes et se rend d’un cœur lourd vers la chambre. Dès que la clé de sa femme a tourné dans la porte, il quitte le lit et va dans la cuisine boire une bière ou trois en espérant, souvent vainement, s’acheter ainsi un sommeil sans rêves. Il n’y a pas de cellule de soutien psychologique pour lui.
Certes, il y a peu de chances que l’intellectuel de gauche matinal ait jamais vu un policier de ses yeux vu, puisqu’il affirme ne jamais regarder TF1. N’empêche que cette petite méchanceté répétée et insidieusement amplifiée par des journalistes que la course à l’audimat obsède finit par devenir, pour le public, une de ces choses qu’on tient pour acquises sans en avoir jamais soi-même été le témoin, comme le sont l’affaire des HLM de Paris ou les prétendues habitudes sexuelles de M. Balkany.
Ce public, les officiers des BAC le côtoient tous les jours : il est donc de la plus grande importance qu’ils puissent communiquer avec lui sans les distorsions qu’implique un milieu médiatique malsain. A cet effet, le ministère de l’Intérieur a entamé une approche communicationnelle inédite bien qu’efficace depuis le temps des cavernes, ce qui convient bien à ces grands taiseux que sont les policiers d’élite : le dessin.
Cette méthode présente nombre d’avantages, notamment face à une population dont on ne sait pas trop si elle sait lire, et le cas échéant si elle est au courant que cela se fait de gauche à droite sous ces latitudes. Par ailleurs, l’utilisation de logotypes distincts est semblable dans la démarche à l’adoption de codes visuels par une communauté qui en est friande, ce qui facilite grandement les rapports avec celle-ci lorsqu’elle est plaquée sur le capot de sa voiture.
Depuis qu’elle a adopté son nouvel insigne, la BAC d’Elancourt passe inaperçue parmi les jeunes racailles.
L’utilisation d’une combinaison de pictogrammes instantanément reconnaissables permet dans cette optique aux BAC d’établir une communication immédiate avec leurs interlocuteurs. Ainsi, on s’inspire souvent de l’environnement : si la brigade de Nogent (les exemples cités figurent en annexe de cet article) peut se permettre de reproduire un pavillon Baltard, le risque serait trop grand que des étrangers à la commune croient qu’il s’agit du service d’ordre du parc de la Villette et commencent à fumer des joints allongés sur la pelouse. C’est pourquoi la plupart des BAC préfèrent laisser de côté l’exactitude architecturale et se contentent souvent d’une version stylisée du biotope des fauteurs de troubles potentiels : les barres d’immeuble (Courbevoie par exemple).
Il convient ensuite de gagner la sympathie de ses interlocuteurs. Une étude démographique poussée a révélé que le cœur de cible des BAC était plutôt jeune et désœuvré. Pour le lieutenant Régis Johnwayne, conseiller marketing auprès de la direction générale de la police nationale, la solution était simple : « Ces pauvres gosses n’ont rien à faire de la journée, donc ils regardent des dessins animés sur Al-Djazeera à la télévision. On peut les toucher par là, en reprenant sur les insignes des animaux, comme les animaux qui parlent dans les films de Walt Disney - mais attention ! on n’est pas chez Foucault et Douchka, ici, alors les animaux doivent inspirer l’admiration ! »
C’est ainsi que les brigadiers de Saint Etienne ont choisi un rhinocéros défoncé au speed ou ceux de Choisy-le-Roi un coyote. (D’autres brigades ont toutefois préféré reproduire un animal connu pour être affectueux : la mère de Spiderman à Nanterre, l’ours en peluche à dents de sabre à Bobigny, ou le scorpion à Bagneux.)
Tous les jeunes ne regardant malheureusement pas les dessins animés, il a été nécessaire pour les BAC des quartiers les plus sensibles d’adopter une démarche différente, axée sur leur rôle de sécurisation plutôt que de prévention.
D’une manière toujours très subtile, on choisit alors de se mettre d’égal à égal avec le jeune le citoyen abordé en arborant les symboles d’une autorité sereine : le bâton tonfa et le pistolet mitrailleur à Saint Chamond, la mire du sniper à Courbevoie ou le monstre du placard à Montreuil-sous-bois.
Quel que soit l’axe visuel adopté par une BAC, le souci est toujours le même : inspirer le respect à l’interlocuteur et désamorcer dès le premier contact toute notion d’agressivité. C’est au prix de cette compréhension mutuelle que la paix régnera enfin dans les esprits, et que notre brave officier de police pourra s’endormir en suçant son pouce plutôt que le goulot d’une bouteille de Kanterbräu.
19/03/06 : l’auteur de la remarquable collection dont sont tirés ces insignes ne souhaite pas que nous fassions pointer de lien vers son site. C’est donc avec un immense regret que nous nous résignons à retirer l’accès vers cette édifiante série d’imagettes.
De l’autre côté, Wikipedia c’est pas fait pour les chiens.
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Hi mates, its great piece of writing on the topic of educationand fully explained, keep it up all the time.
Randal Saltau
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