Didier Kala, vendredi 8 août 2008 - 01:18
Le président du Comité International Olympique, Jacques Rogge, a fort opportunément rappelé hier soir, à quelques heures de l’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin, qu’il était interdit aux athlètes participants de se servir de cette formidable plate-forme pour faire avancer des idées aussi mesquines et égoïstes que des convictions politiques personnelles.
Bien entendu, cet amical rappel à l’ordre ne concerne pas les sportifs français, qui sont très bien coachés par Bernard Laporte, l’ancien charcutier devenu à l’automne dernier et à la force du poignet secrétaire d’Etat aux joggings humides à l’aine.
Ça ne concerne d’ailleurs pas les Français, à qui il ne viendrait jamais à l’esprit de discuter de la politique de leur pays. Alors celle d’un autre, hein...
Nonobstant.
Ces règles de décence élémentaires sont formulées à l’article 51 de la Charte Olympique (PDF, 667 ko), "Publicité, démonstrations et propagande", à l’alinéa 3. Soit juste après les règles d’attribution des marchés publicitaires et les règles d’affichage publicitaire dans les stades. Il y a trois alinéas dans l’article 51, donc l’alinéa 3 est assez simple à retrouver : « Aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique. ».
Ce qui, bien que très vague, est fort sain. Il ne s’agirait pas de perturber une fête aussi remplie de huit-huit que les Jeux Olympiques de Pékin au moyen de messages puérils, voire gauchistes. C’est d’ailleurs pour cela que Nicolas Sarkozy se rend en personne à la cérémonie d’ouverture, pour vérifier du haut du Nid d’Aigle que tout est en ordre.
Qu’il nous soit cependant permis de nous alarmer : le charme des Jeux, outre les adolescentes est-européennes en justaucorps, a de tous temps été alimenté par les manifestations folkloriques des peuples du Tiers-Monde. De Jesse Owens en 1936 à la prise d’otages de Munich en 1972 en passant par Tommie Smith et John Carlos à México en 1968, les Jeux Olympiques ont été l’occasion pour nos frères basanés de pratiquer leurs coutumes locales et bon enfant pour notre plus grand plaisir (et nous savons que nous n’avons dorénavant plus aucune chance d’écrire dans Charlie Hebdo).
Nous pouvons admettre que celles-ci font un peu amateur quand certaines chaînes dépensent un peu moins d’un milliard de dollars pour obtenir l’exclusivité télévisuelle du bousin, mais ne nous leurrons pas : le public aime l’effet de surprise, et il n’est pas sûr que le sport seul puisse nous le fournir.
Il est en fait certain que non.
Il ne nous reste plus qu’a espérer un lâcher de vachettes. Ce qui tomberait bien : les vachettes chinoises sont nerveuses.
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