Didier Kala, vendredi 7 septembre 2007 - 10:49
Pour tous les amoureux de grande musique, Luciano Pavarotti était plus qu’un ténor lourd : c’était l’icône d’un art accessible à tous, une figure emblématique de la culture du XXIème siècle. Le Président de la République, qui ne pouvait rester insensible à cet événement planétaire, a tenu à marquer l’hommage de la France. Il a choisi d’envoyer comme ambassadeur le plus talentueux des chanteurs français : son ami Johnny Hallyday.
Il est des artistes qui transcendent les barrières de leur discipline, qui lancent des ponts entre les esthétiques et marient les styles pour atteindre un public toujours plus important, celui qui par exemple persiste à appeler la musique classique « grande musique ». Nicolas Sarkozy ne s’y est pas trompé en déclarant hier « je retiens que les ponts lancés entre les esthétiques et le mariage des styles auront permis au grand ténor de conduire des publics toujours plus importants [au] grand répertoire ».
Luciano Pavarotti était de ceux-là. Plus qu’un chanteur, il était une marque de qualité, un visage familier aussi à l’aise dans un rayon de supermarché que dans la discothèque idéale et concise du lecteur du L’Eclaireur Brayon.
Sa voix évoque chez les plus anciens le goût amer du houblon fermenté pendant les pauses publicitaires de la Coupe du Monde de football de 1990. Pour les plus jeunes, il est celui sans qui U2 aurait pu faire de Miss Sarajevo un constat politique et chiant.
Les raisons varient, mais pour nous tous Luciano Pavarotti restera à jamais une madeleine bien beurrée qu’on se met dans l’oreille.
Nicolas Sarkozy, malheureusement retenu à Paris par une situation potentiellement médiatique explosive - Robert Badinter a une sinusite -, a toutefois insisté pour que notre Brave Patrie soit représentée au plus haut niveau aux funérailles de Pavarotti. L’occasion est idéale pour envoyer en Italie et montrer aux caméras du monde entier un pur produit de la France moderne. Un digne représentant non seulement de l’audace artistique qui caractérise la culture des années Universal™ Albanel, mais aussi des goûts musicaux éclectiques de la majorité des Français, que bien entendu Nicolas Sarkozy partage.
C’est donc Johnny Hallyday qui fera le voyage de Modène. (Il n’échappera pas aux lecteurs de L’Eclaireur Brayon que Johnny Hallyday figure lui aussi dans leur discothèque idéale et concise).
Superstar chez nos voisins transalpins du flanc extrême-occidental du Val d’Aoste, l’interprète de Hamlet voit dans l’événement un grand honneur : « Je suis flatté que Nicolas [Sarkozy, ndlr] m’a choisi. Vous savez, la communauté des grands artistes Universal™, c’est une famille. J’ai changé de label, mais je n’oublie pas mes frères. La culture, c’est pas une marchandise, et Lucien l’a prouvé en franchissant toutes les barrières douanières. Je vais essayer de faire la même chose, mais en venant de Suisse. Je crois que c’est le plus bel hommage qu’on peut lui rendre : quand on passe par les montagnes, ça met pas loin des abîmes. »
Pour l’honneur de la France, la rédaction de Brave Patrie souhaite à Johnny de mettre le feu samedi à Modène. Une bien belle chance de rebondir après la tournée grecque de cet été, au bilan mi-figue mi-résiné.
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