... mais nous n’en continuerons pas moins d’avancer !". C’est ainsi que J.P. Raffarin introduisit son discours, vétu d’une combinaison de kart, en préliminaire d’une séance d’essais au Kart’In René Arnoux de Clermont-Ferrand. Puis il le réintroduisit, ayant pris soin cette fois d’enlever la cagoule hygiénique qui lui boudinait le visage et étouffait ses propos.

Ces quelques mots étaient bien de circonstance (ce qui prouve une fois de plus les talents de communicationneur de J.P. Raffarin), car notre Bon Premier Ministre venait de tester à l’instant l’efficacité du nouveau système révolutionnaire Michelin : Le-Truc-Qui-Permet-De-Rouler-200-Kilomètres-Avec-Un-Pneu-Crevé (un nom plus court serait à l’étude).

"Certes, au lieu de parcourir 200 kilomètres avec un pneu crevé, on pourrait le changer aussi tôt que possible. Cependant, supposons qu’un quidam de la France d’en bas doive faire face à une urgence telle que ces gens en connaissent, par exemple une panne dans le jacuzzi de sa mère. Serait-il arrivé en temps et en heure à destination ? Certes pas ! C’est cette faculté d’aller plus loin, alors que tout semble consommé, qui est propre à l’esprit français, et à son incarnation la plus fidèle, le bibendum Michelin."

"Et c’est précisément dans cet esprit, même si mon gouvernement est crevé, que je continuerai tout droit, coûte que coûte et vaille que vaille, sur la voie qui a été tracée par Jacques Chirac (mon totem). Car en vérité je vous le dit, la Lumière viendra et répandra la Croissance sur toute la France, en particulier sur les victimes de l’ISF."

A ces mots J.P. Raffarin fit une courte pause pour entrouvrir sa combinaison de kart, à la livrée rouge et grise, afin de se rafraîchir quelque peu.

"Humpf. Le-Truc-Qui-Permet-De-Rouler-200-Kilomètres-Avec-Un-Pneu-Crevé doit nous inspirer, preuve michelinesque que même si des alternatives existent, rien ne vaut que de persévérer sur la même voie, en dépit des difficultés. C’est pourquoi je remercie François Michelin...". Un conseiller lui glissa quelquechose à l’oreille. "... ahem, je remercie Edouard Michelin de nous faire une fois de plus la preuve des ingénieuses ressources de notre Brave Patrie ! Et maintenant, que le meilleur gagne !"

Sur ces mots J.P. Raffarin remis sa cagoule hygiénique boudinante et se dirigea d’un pas ferme vers une pile de pneus pour s’y asseoir, tatonnant à la recherche du volant. Un membre de l’équipe du Kart’In René Arnoux le redirigea vers un superbe Kart 100 cm3, après avoir retourné le casque de notre Bienaimé Guide Spirituel (René, si tu nous lis, nous pensons à toi, et à tes astucieux conseils avant-course [1]).

Nous ne détaillerons pas ici la course, vous en retrouverez tous les détails dans notre section sport, mais aussi dans la dernière édition de notre confrère "Le Pneu", magazine du comité d’entreprise de Michelin. Toujours est-il que notre Lider Maximo est sorti victorieux de l’épreuve, par forfait [2] et à la surprise générale, d’autant plus qu’il se frottait aux ténors de l’écurie Michelin ! Ceux-ci venaient justement de faire une démonstration brillante de leurs talents dans une tournée mondiale, donnant une entrevue du Génie Français au public de destinations prestigieuses comme Hanoï, Singapour, Hongkong, Taïwan ou Toronto.

Dans l’enthousiasme de la victoire, J.P. Raffarin a fait preuve d’une chaleur qu’on ne lui connaissait que peu : ses concurrents ont en effet eu l’honneur rare de recevoir la fameuse "bourrade périgourdine", l’occasion d’un contact privilégié avec un homme que la France d’en Bas ne connait que télévisuellement.

Mais ces effusions ont du tourner court, car ayant été informé du casse du siècle, c’est sans prendre la peine de se changer que Notre Rédempteur Economique se rendit en urgence sur les lieux du forfait, afin de tirer la situation au clair.

Là encore, malgré les obstacles, malgré les vilainies de sournois criminels jaloux de notre réussite, J.P. Raffarin va, court, vole et nous venge ! Vive Notre Bon Premier Ministre Ier ! Vive notre Brave Patrie ! Vive le Caoutchouc Vulcanisé ! Vive les Pneus !