Cher Juan-Marcos, cher Dieter, qu’il est dur de mourir, comme notre kamarade Roem, sous les coups de ses meilleurs amis, de ceux avec qui on a partagé tous les périls et toutes les audaces.
Mais je me résigne pour votre cause. Je consens à disparaître sous les calomnies car je sais que c’est nécessaire au triomphe de votre Brave-Patrie.
Frappez, frappez encore (j’aime ça).
Au moment de tomber sous votre censure répétée, si dure à supporter, je ferai amende honorable devant le parvis de Notre Dame du Chardonnet, en chemise et la corde au coup. Vous viendrez me flageller pour assouplir vos phalanges.
Je comprends votre démarche salvatrice en cette année de commémoration du procès de Nuremberg où vous avez perdu tant d’amis. Il faut en sacrifier un autre en souvenir. Je suis fier d’avoir été choisi pour être celui-là.
Je remercie ceux qui m’ont soutenu dans ces moments difficiles : Capitaine Couk, Concombre démasqué ou RàC, chez qui j’ai reconnu le courage teinté de prudence ou de satisfaction qui avait déjà cours dans notre Brave-patrie il y a 65 ans.
Un merci tout particulier à ma maman, sans qui je ne serais pas là, et à Dieter Kala qui a tenté mollement et timidement, d’adoucir ma fin. Je sais les risques qu’il prend en cotoyant JMVB.
Je tomberai donc sous une rafale de censures. Je vous offre ma poitrine velue.
Au moment de mourir, sachez que je crierai :
« Vive la liberté, vive l’humour libre, vive la Brave-Patrie »
PS (jeu de mots que vous aimez tant. D’ailleurs, à ce sujet, de mourrai avec le regret de ne pas connaître l’édition de l’almanach Vermot utilisée par le capitaine Couk, pour ces jeux de mots décapants que vous appréciez tant. J’aurais voulu vous faire un dernier plaisir).
PS : donc :
Ma dernière volonté est de léguer à Monsieur VON BRAUN, manifestement sensible de ce côté là, une boîte de Préparation H, que la comtesse prépare elle-même en respectant la recette traditionnelle : huile de foie de flétan et levure de bière -vous voyez je ne songe qu’à vous faire plaisir- .
Lorsque vous n’en aurez plus n’hésitez pas à lui en recommander sans crainte. Cette grande collabo, injustement méconnue, ne rajoute ni sel, ni sable pour les vrais amis.
Merde, mon crayon de bois s’effrite. Je vous quitte. Le cœur léger.