Alfred-Georges, vendredi 21 mai 2010 - 13:15
Amis patriotes, l’heure est grave. Nous savions que l’internet était peuplé de gauchistes malfaisants qui, le couteau entre les dents, la main droite sur le petit livre rouge et le pied gauche sur la tête du Maréchal, ne songent qu’à injurier, diffamer, calomnier, conchier l’action gouvernementale pour la réhabilitation des Vraies Valeurs de la France Vraie. Mais là, la coupe est pleine : une fois encore, après un débat sur l’identité nationale qui reprenait nos propositions nées du think-tank bidon à idées "la semaine de nos valeurs communes", votre journal préféré a été la cible d’une nouvelle campagne de contrefaçon ourdie par le sinistre Jean-Louis Masson, Sénateur de la Moselle, un département qui pourtant ne nous avait jamais déçu (excepté les poursuites contre les malgré-nous).
Iceluy a rédigé une proposition de loi visant à contraindre les blogueurs non professionnels à révéler leur identité, adresse, numéro de téléphone et mensurations péniennes, dans le but d’en tenir le fichier et in fine de décourager le salarié, effrayé par la perspective d’être sommairement licencié pour avoir émis quelques doutes sur l’intention (louable) de son DRH d’organiser un séminaire de cohésion au camping de la Foutrine, d’en faire profiter le reste du monde en rédigeant un billet sur son petit blog.
Belle incitation à l’auto-entreprise qui permet de dire "fuck" au marché de l’emploi, certes, mais il n’en reste pas moins que cette proposition est la propriété exclusive de Brave Patrie, et nous avons de nombreux témoins.
Il s’agit du premier pilier d’une institution appelée de nos vœux et nommée par nos soins "la Dictature des Blogs", dont une première réunion informelle a été tenue le 14 mai dernier dans les caves du 1er arrondissement de Paris, suivie d’effets immédiats, certains d’entre les membres de la rédaction ayant courageusement décidé de dévoiler publiquement leur identité en chantant la Marseillaise à poil sur la ligne 4 vers 23h45.
La rédaction constate que malheureusement, les pirates sévissent encore en dépit des menaces procédurières dont ils sont justement l’objet. En conséquence de quoi, la rédaction de Brave Patrie a déposé plainte contre Jean-Louis Masson. Une copie est annexée ci-dessous.
"Monsieur le Procureur de la République,
Nous avons l’honneur de porter à votre connaissance les faits suivants, prévus et réprimés par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Wesh-wesh.
Jean-Louis Masson est un sale voleur ! Il est vrai qu’il est sénateur, que telle fonction tire son nom du latin "senes" signifiant littéralement "vieux" et que comme chacun sait, les vieux sont enclins à la kleptomanie, mais là, le préjudice est tel que nous ne laisserons pas passer ce qui pourrait être l’œuvre du diable personnifié.
Rendez-vous compte, Monsieur le Procureur, ce sinistre personnage nous a dérobé une idée dont nous pouvons aisément prouver que nous en sommes les pères (et les mères) : il veut fliquer les blogueurs ! Le délit de piratage est flagrant : il est de notoriété publique que seul Brave Patrie peut avoir des idées pareilles. Qui a par exemple proposé que les isoloirs soient supprimés ? Qui a proposé que chaque électeur écrive son nom au dos des bulletins de vote ? Hein ? Qui ? Hein ? Hein ? Hein ?
Abstraction faite de ces généralités, nous pouvons facilement prouver que cette (cependant) brillante tentative de restreindre la liberté d’expression est la propriété de notre publication militante. Nous pouvons citer foultitude de témoins (à part celui qui alternativement jouait avec un couteau puis dormait) pouvant attester que le projet porté par Monsieur Jean-Louis Masson a déjà été évoqué publiquement lors d’un apéro Fafbook meeting secret au bar le Petit Chat écrasé, Petit Chaton éthéré ou quelque chose du genre, sis rue des Putes à Paris.
Monsieur le Procureur, nous demandons que justice soit faite et que notre travail soit reconnu à sa juste vraie valeur. Ce pourquoi nous portons plainte et nous constituons partie civile. Nous solliciterons des dommages et intérêts pour la modique somme de 1.548.268,21 euros (le FMI est d’accord), que nous utiliserons pour faire de Brave Patrie ce qu’il mérite : un vrai webzine avec des vrais journalistes dedans.
Nous restons à votre entière disposition si vous souhaitez des informations complémentaires.
Dans l’attente nous vous prions d’agréer, Monsieur le Procureur de la République, nos bisous les plus respectueux.
Amen.
La rédaction de Brave Patrie."
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