Les pêcheurs des environs de Guantanamo Bay, eux-mêmes Axedumaliens et cibles chirurgicales putatives, n’en ont pas cru leurs yeux quand ils ont vu arriver hier matin, vêtue d’un pyjama molletoné orange, lourdement enchaînée, et la tête encapuchonnée d’un casque de privation sensorielle duquel émergeaient sept pointes, une silhouette qu’ils chérissent en secret en attendant la chute du dernier régime jospinien de l’hémisphère occidental.
Dernier épisode en date de la résistance désespérée de nos amis américains à l’Aube Gaulliste, la Statue de la Liberté a été déboulonnée de son piédestal, dans la baie de New-York, pour être déportée à Cuba.

L’Attorney General John Ashcroft a exposé ce matin, heure de la côte est, les preuves à charge contre le grand ouvrage de cuivre. Un manuel de pilotage aurait été retrouvé dans l’œil gauche de la Statue, et une importante somme en pièces de 1 et 5 cents à ses pieds. Par ailleurs, un graffiti en arabe a été décelé à la hauteur de la deux-cent-quatorzième marche. D’après les experts de la CIA, "Farid aime Salima - 2003" serait un code indiquant une attaque imminente sur le territoire américain.
Colin Powell a modifié son fichier Powerpoint, et le niveau d’alerte terroriste a été relevé à jaune caca d’oie.

Des sources bien informées nous apprennent que la Statue de la Liberté a passé sa première nuit dans une cage de cinquante mètres sur vingt-cinq, éclairée en permanence et gardée par une trentaine de marines. Elle se serait plainte ce matin d’avoir mal au bras, suite à quoi les autorités du camp de détention lui ont dépêché un mufti.

Pour rappel, le statut d’Ennemi Non-Combattant® correspond à peu de choses près à celui de gardé à vue dans notre bien brave patrie, avec une autorisation d’écrou toutefois portée à 5110 jours avant que la présence d’un avocat ne soit requise.
Si le principe nous semble tout à fait correct - il était d’ailleurs présent dans l’avant-projet de loi sur la terreur urbaine de M. Sarkozy - nous ne pouvons cependant au vu des éléments fournis que protester contre ce que nous considérons être une interpellation arbitraire, relevant plus à notre avis de l’origine ethnique de la Statue de la Liberté que d’un quelconque délit.

Bien que la Statue de la Liberté ait acquis la nationalité américaine il y a 117 ans, le gouvernement français a officiellement interpellé l’administration Bush et espère trouver rapidement une issue à cette crise. Un court communiqué du ministère des Affaires Etrangères réaffirme sa "totale confiance dans le système judiciaire américain" et sa conviction que la présence des soit-disant preuves peut être facilement expliquée.