Les tentatives récentes de Jacques Chirac pour recomposer la communauté internationale après une dissolution hâtive et, pour tout dire, aventureuse, semblent devoir rester lettre morte malgré les trésors d’ingéniosité déployés par le pourtant expert en la matière Dominique Galouzeau de Villepin.
Les efforts de la France et de l’Allemagne ainsi que le travail de fourmi des commissions dirigées par Hans Blix et Mohamed El-Baradei n’y ont rien pu faire : les Etats-Unis ont mené l’ONU dans une impasse diplomatique, avec la ferme intention de lui faire la peau à la faveur de l’obscurité.

Une telle attitude est inacceptable, et incompatible avec la décision de notre gouvernement de durablement éradiquer les zones de non-droit.
L’adoption d’un handicap par la coalition américano-britannico-antipodesque sous la forme d’hélicoptères qui tombent en pièces n’y change rien : c’est bien à une agression monolatérale, du bas vers le haut avec un possible saut carpé à gauche que nous assistons.
Les grossières tentatives de chantage menées en parallèle par les Etats-Unis n’améliorent guère la situation. Dernière cible en date : nos cousins transatlantiques (article en anglais) qui, horrifiés par une telle vulgarité, se sont fort logiquement tournés vers notre Brave Patrie, leur phare dans la tempête depuis que Saint Charles-de-Gaulle a prononcé la célèbre phrase "Ik ben een Canuck".

L’heure est arrivée pour Jacques Chirac de démontrer au monde entier que ses quatorze nominations au Prix Nobel de la Paix, dont meilleur second rôle féminin et meilleure bande-annonce, sont légitimes. Il est temps pour la France de désamorcer la crise dans laquelle le monde se trouve plongé, et d’éviter que les lignes de fractures révélées par les préparatifs de guerre ne restent ouvertes et suppurent leurs humeurs nauséabondes sur des relations internationales déjà pas super super au top.

Le coup de poignard dans le dos de la communauté internationale auquel nous assistons se fait au mépris de l’Histoire, comme si les Américains, les Anglais et les Australiens avaient oublié les sacrifices consentis par notre Brave Patrie pour offrir aux premiers une écrasante victoire sur les seconds, aux seconds une écrasante victoire sur les Saxons, et aux derniers un nombre impressionnant d’entrées à Crocodile Dundee.
Il s’agit aujourd’hui de faire comprendre à l’Axe des Pitbulls qu’ils ne peuvent s’opposer à la Coalition des Pas Trop Chauds Pour Casser de l’Irakien sans de sérieuses conséquences : ils représentent, toutes choses considérées, une minorité dans le monde.
Le laborieux exercice mathématique d’Ari Fleischer et Colin Powell visant à démontrer que leur coalition représentait (après élections plus ou moins démocratiques) quand même 1,2 milliard de personnes et un PIB de 21 trillions de dollars, dont respectivement 19409 et 174 millions (investissement US compris) dans l’archipel de Palau, ne pourra masquer le fait qu’environ 5 milliards d’individus se trouvent en face.

Il a donc été décidé par la France de se boucher les oreilles et de se mettre à chanter Sunday Bloody Sunday très très fort dès lors que les officiels Américains prononceront les mots "C’est un joli pays que vous avez là, ce serait dommage qu’il lui arrive quelque chose..."
En outre, les diplomates et hommes d’affaires européens sont officiellement autorisés à rétorquer "Miroir !" lors de toute mention des termes munichois, amnésie et backstab.

Et nous nous souviendrons de cette période comme du jour où la brûlure indienne a changé de camp.