Didier Kala, mardi 24 novembre 2009 - 17:58
Dans son souci de préserver la biodiversité, la communauté internationale s’est jusqu’à présent concentrée sur les plantes et animaux en voie d’extinction, au détriment des êtres humains. Cette lacune est sur le point d’être comblée par le gouvernement britannique, qui révèlera demain qu’il déploie d’importants moyens à cet effet. La première population échantillonnée, les Noirs, sera donc préservée même si elle devait, pour une raison ou une autre, être expulsée d’Europe.
Les bases de données relatives à l’ADN humain ont ceci de commun avec M. Jourdain qu’elles existaient bien avant qu’on en ait conscience : depuis des dizaines d’années, on conserve en effet dans les hôtels de police des échantillons génétiques de minorités, que l’on prélève le plus souvent au moyen d’un frottis facial sur le crépi de la cave.
Or ce mode de conservation n’est pas pérenne du fait de la haute fréquentation des lieux : garde à vue après garde à vue, les archives sont contaminées par de nouveaux fragments d’acide désoxyribonucléique. Il en résulte des assemblages improbables - des chimères - qui ne reflètent en rien la population réelle : les Brésilo-malgaches ou les Gwada-roumains présentent sans doute un intérêt pour les scientifiques qui les ont créés en laboratoire, mais n’ont aucune chance de survie lorsqu’on les relâche dans la nature [1].
Un brin d’ADN vu à la loupe : du bleu et du rouge lyophilisés, vous versez un petit blanc sec et vous reconstituez un Français.
Il convenait d’adopter une approche plus méthodique et respectueuse de la dignité génétique des individus. C’est la démarche que le gouvernement de la Grande-Bretagne a choisi de mettre en œuvre, en tirant profit d’une discrète mais providentielle disposition pénale : le prélèvement d’ADN sur toutes les personnes interpellées par la police.
La maréchaussée britannique a donc entrepris de systématiquement arrêter les jeunes hommes Noirs, qui présentent l’avantage sur les autres minorités extinguibles d’être relativement peu nombreux, d’avoir un plumage reconnaissable de loin, et surtout de ne pas la ramener quand ils sont libérés avec de vagues excuses quelques heures après.
La Human Genetics Commission révèlera demain le succès de l’opération dans un rapport que le Guardian a pu se procurer : près des trois quarts de la population concernée sont maintenant répertoriés dans la base gouvernementale !
Les jumeaux constituent une formidable monnaie d’échange, mais ils sont parfois difficiles à séparer.
Partant du principe que les Africains et leurs descendants appartiennent à tout le monde, le gouvernement de Gordon Brown a décidé de faire preuve de bonne volonté et de partager cette prouesse scientifique avec l’humanité entière.
Une bourse d’échanges sera très prochainement établie, au moyen de laquelle les membres de l’Union Européenne pourront échanger leurs codes génétiques minoritaires dès lors qu’ils auront adhéré au programme et qu’ils les auront en double. Nicolas Sarkozy pourra ainsi échanger un ADN de jumeau afghan contre un ADN de jumeau kenyan avec Gordon Brown, ou contre un ADN de jumeau rrom avec Traian Basescu.
Bien entendu, il existera une prime aux triplés, qui permettent le troc triangulaire. Ceci incitera les autorités à les interpeller dès leur plus jeune âge, lorsqu’ils vivent encore tous sous le toit monoparental.
L’exemple britannique permettra de sauver notre biodiversité si toute l’Europe le suit - ce dont nous ne doutons nullement - et si nous traitons avec égalité et respect toutes les minorités.
Il s’agit même de la seule option possible si nous voulons encore pouvoir nous regarder dans le miroir quand après deux générations de crise économique et d’élections de partis réformistes nos petits-enfants nous demanderont « Dis papy, c’était quoi un Bougnoule ? ». Nous pourrons alors fièrement répondre « Tu le verras en biologie l’année prochaine. »
Nous le devons aux générations futures.
Nicolas Sarkozy s’entraîne depuis bientôt vingt ans. Ici avec son sparring partner Human Bomb : « Donnez-moi le petit Noir ! » (vers 0:38, juste après « On peut avoir confiance l’un en l’autre ! »).
[1] Ce qui ne doit pas nous dissuader de tenter le coup. La science vaincra !
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