Les mouvements démocratiques d’Afrique sub-saharienne ont jusqu’à présent eu le plus grand mal à emboîter le pas à leurs homologues du Maghreb et du Proche-Orient. La démonstration de force prévue aujourd’hui au Swaziland contre le régime autocratique du roi Mswati III aura-t-elle plus de succès ?

Plusieurs syndicats sud-africains ainsi que la branche jeunesse de l’ANC ont promis leur soutien aux manifestants swazis durant ce qui pourrait être l’événement fondateur d’un changement de régime.
Pour autant, le « grand frère » régional ne saurait trop s’ingérer dans les affaires de l’ancienne colonie britannique. Ceci pourrait en effet créer un fâcheux précédent vis-à-vis du Zimbabwe, où le gouvernement sud-africain tente à grand-peine de ne pas stigmatiser le régime Mugabe depuis le début des années 2000.
Dans ce contexte de fort risque de démocratisation en Afrique Australe, les Swazis sont donc livrés à eux-mêmes, et c’est là que réside le plus grand obstacle à leur volonté de changement.

Soucieux de donner un caractère local et fleuri au mouvement, les opposants ont en effet souhaité baptiser celui-ci à la manière des Tunisiens. Or, après une longue inspection des champs et jardins locaux, ils ont du se rendre à l’évidence : la plante caractéristique du pays est la Swazi Gold, une variété de cannabis sativa particulièrement recherchée, et pas le jasmin, avec lequel on fait du thé.
C’est donc après avoir tassé leurs shilums que les principaux activistes du pays se sont réunis la semaine dernière, afin de mettre au point un plan d’action pour la journée de manifestations prévue ce mardi 12 avril.
D’après les dernières informations transmises à la presse, les discussions achopperaient sur le nombre maximum de participants pour qu’une fumette à l’indienne reste gérable au sommet du mont Emlembe, qui culmine à 1862 mètres.
Quoiqu’il en soit, un peu avant midi, tout était calme à Mbabane.