Didier Kala, lundi 12 avril 2010 - 12:57
Les chancelleries européennes sortent peu à peu de l’état de choc provoqué par le décès, samedi matin, de Lech Kaczynski. Le constat est unanime : quelques semaines seulement après la crise qui a secoué la Grèce, il convient de faire front uni et de montrer au monde le visage d’une Europe solidarnosque et efficace. C’est pourquoi la France a proposé ce matin des mesures de contingence pour pallier au plus vite la vacance du pouvoir à Varsovie.
La Pologne se réveille groggy d’un week-end de cauchemar. Son président en exercice et une bonne partie de ses élites militaires, économiques et politiques ont disparu en un instant au cours d’une catastrophe aérienne.
Si les premiers mouvements de panique se sont vite dissipés - les Tutsis sont sortis des sous-bois dès samedi après-midi et on attend le retour des Juifs pour la fin de journée, demain matin au plus tard - le malaise et la douleur persistent.
La France a été l’un des premiers pays à manifester sa sympathie au peuple polonais, en particulier par la voix de Jean-Louis Borloo qui a déclaré « Nous sommes tous des Polonais ».
Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy a décidé d’aller plus loin en proposant des actions concrètes pour empêcher que notre partenaire européen ne reste déstabilisé trop longtemps : la France va prêter un président à la Pologne.
En effet, une élection présidentielle coûte cher, prend du temps, et peut provoquer des divisions durables au sein de la population. Pour cette raison, la Pologne a besoin d’un président nommé plutôt qu’élu.
Il existe certes une solution de remplacement évidente : Jaroslaw Kaczynski, le frère jumeau du président décédé. Idéale à première vue pour les économies qu’elle permet de réaliser - pas besoin de changer les portraits officiels, possibilité de réutiliser les mêmes costumes, etc. - cette option n’est pas si évidente qu’il y paraît.
La Pologne est toujours en train d’apprendre les rudiments de la démocratie, et maîtrise peu la combinaison dite du Référendum/Congrès. Sa population comprendrait mal qu’on remette aussi vite en selle un ancien Premier ministre récemment sorti par les urnes.
Pour cette raison, la France estime qu’il n’existe de meilleure solution que de nommer un président étranger.
M. Sarkozy est malheureusement trop occupé pour s’occuper lui-même de la Pologne. Par chance, la France regorge de candidats potentiels à la fonction présidentielle, ce qui a permis au Quai d’Orsay de rapidement proposer une liste à Varsovie. Brave Patrie a pu se la procurer et vous la présente en avant-première.
La Pologne en a soupé de la Gauche, pendant trop longtemps, et supporterait mal de retrouver des apparentés communistes au pouvoir.
Deux figures semblent néanmoins sortir du lot, qui pourraient être acceptables pour la plupart des Polonais.
Ségolène Royal
_ Avec son visage de Madone et ses accents messianiques, Mme Royal a tout pour plaire aux Polonais. Elle n’a qu’à porter un manteau bleu pour ressembler à un vitrail, et là-bas on aime bien les vitraux.
Le + : « Nous nous aimons tellement ». Idéal pour briser la glace avant de rouler un gros patin à un inconnu.
Le - : Le planning familial au lycée. C’est comme faire un apéro terrine au milieu d’une garenne. Mme Royal devra laisser tomber.
Manuel Valls
Petit-fils d’un Juste - son grand-père a caché des prêtres pendant la Guerre d’Espagne - le maire d’Evry a un parcours dans lequel tous les Polonais se reconnaîtront : lui aussi a dû prétendre qu’il était socialiste pour trouver un boulot.
Le + : Il y a déjà suffisamment de whites et de blancos en Pologne et il n’y aura pas besoin de redécorer.
Le - : Il a été franc-maçon, comme dans « judéo-maçonnique ». Il devra s’en expliquer.
La Pologne aime la droite. Et il y a beaucoup de prétendants à la candidature suprême parmi les hommes politiques français de droite. Le choix a été difficile, mais deux candidats se détachent nettement.
Alain Juppé
Les Polonais connaissent bien l’ancien Premier ministre et apprécient particulièrement ses bottes, qui leur rappellent les Cosaques. C’est d’ailleurs pour cela qu’ils l’appellent affectueusement « Kojak ».
Le + : Il se tient droit en toutes circonstances. Ça présente particulièrement bien sur un prie-dieu.
Le - : M. Juppé est notoirement proche de Jacques Chirac, qui avait en son temps conseillé à la Pologne de fermer sa gueule.
Dominique de Villepin
Ancien Premier ministre lui aussi, ses accents gaullistes ne peuvent que rappeler aux Polonais la campagne du Général contre le bolchévisme en 1919-1921, la dernière guerre qu’ils ont à peu près gagnée.
Le + : Ça fait très longtemps que Nicolas Sarkozy souhaite l’envoyer dans une mine de sel.
Le - : Il a fait grève au lycée français de Caracas en 1968, et devra se dédouaner de tout pro-chavisme s’il souhaite séduire les Polonais.
Christian Vanneste est prêt à réaffirmer la sacralité du vagin.
Il existe en France de nombreuses personnalités de moindre plan mais aux idées sévèrement campées, qui n’ont plus réellement d’utilité depuis que Jean-Marie le Pen a annoncé son retrait de la vie politique. Un recyclage s’impose donc.
Christian Vanneste
Le député du Nord possède le bagage intellectuel requis pour comprendre l’âme slave, et polonaise en particulier : il a été professeur de philosophie au lycée industriel de Tourcoing.
Le + : Il considère que les homosexuels sont inférieurs aux hétérosexuels. Ça rassure les Polonais, qui portent volontiers la moustache.
Le - : M. Vanneste n’a jamais personnellement tabassé d’homosexuels, mais il pourra toujours adhérer à une association sportive une fois en poste.
La tragique crise polonaise pourrait donc avoir sa contrepartie positive : la démonstration au monde entier que l’Europe se soucie des siens et ne laissera personne au bord du chemin lors des moments difficiles.
Et si à tout hasard la Pologne voulait profiter de l’occasion pour changer de voiture, on a aussi un prêt revolving à 5% sous tutelle du FMI, pas de problème.
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Mollie
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