Didier Kala, jeudi 9 février 2012 - 09:58
Année présidentielle oblige, le dîner annuel du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France était le point de passage obligé pour tous les candidats et leurs gardes rapprochées. Très attendu, le discours du chef de l’Etat n’a pas déçu.
La nuit transformée en plus que jour par le crépitement des flashes et la présence d’innombrables stars du monde de la politique rendaient vie à la vieille rumeur selon laquelle les Juifs seraient profondément influencés par le lobby hollywoodien.
Qu’à cela ne tienne : l’ambiance était hier soir bon enfant au dîner annuel du CRIF. François Hollande, qui n’a pas à diriger la France dans la tourmente d’une crise sans précédent, répondait avec enthousiasme aux demandes d’autographes et de photographies, ce calvaire auquel sont confrontées les starlettes qui viennent d’accéder à la lumière et ne savent pas quand elles retourneront dans l’obscurité.
Nicolas Sarkozy, pour sa part, ne pouvait se permettre cette frivolité et assumait avec sérieux ses fonctions présidentielles en reprenant deux fois du gefilte fish et en sauçant soigneusement son chrain.
Le dîner du CRIF a été l’occasion de rappeler les bienfaits de la consommation de cinq fruits et légumes par jour.
Ce surcroît de raifort sur l’haleine du président de la République n’était pas de trop pour appuyer un discours courageux.
Outre les références attendues à une actualité internationale inquiétante pour les amis d’Israël — au premier rang de laquelle la volonté du gouvernement iranien de développer des armes nucléaires civiles — M. Sarkozy a tenu à souligner avec force son rejet des attitudes communautaristes.
L’approche est inédite pour une rencontre souvent décriée comme étant le parangon de celles-ci, mais Nicolas Sarkozy s’en est sorti avec habileté en proposant à son auditoire les mêmes solutions qu’à quiconque : il a mis en valeur le modèle allemand.
Au nom d’une grande idée, d’une approche audacieuse pour un Proche-Orient troublé — « Il faudra apprendre à vivre ensemble » — il a toutefois su adapter son discours. Evitant ainsi les références aux paysages de hautes cheminées qui parsèment la campagne allemande et révèlent le caractère industriel prononcé de notre voisin, il a préféré évoquer l’évolution de son rôle politique en Europe.
Universellement haïe par la France depuis le traité de Verdun, l’Allemagne est en effet devenue en seulement onze siècles et demi notre partenaire privilégié, avec lequel nous entretenons une « amitié sacrée ». Nicolas Sarkozy voit dans cette relation exemplaire la trame d’une nouvelle feuille de route pour les relations israélo-palestiniennes.
Tenant à ne s’aliéner aucun vote communautaire, le président de la République est malgré tout resté diplomate et n’a pas précisé qui ferait le Français.
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