Hubert-Aymeric Pynchon, vendredi 28 janvier 2005 - 19:29
Avec Raffarin, je positive ! semble être en voie de devenir le nouveau mot d’ordre des haut fonctionnaires de notre Brave Patrie.
Le mot d’ordre, ou devrait-on plutôt dire : le moto, le mantra, le patenôtre, le "Hardi, les gars ! Réveillez-vous !", le "Courage ! On en a vu d’autres !"... Bref, un viatique qui tient autant de l’appel à la clémence des cieux que d’une injonction à l’effort façon negro spirituals.
En effet, après le départ annoncé du Ministère des Affaires extra-Bravepatriotes du Quai d’Orsay - dont les lambris dorés auront côtoyé les semelles de vent de ces diplomates lettrés qu’ont été Jean Giraudoux, Saint-John-Perse, Paul Morand et Michel Barnier, Dominique Galouzeau de Villepin - pour la maternité Saint-Vincent-de-Paul, elle-même réaménagée dans les locaux du Figaro qui iront, eux, camper dans la future, mais pas encore dessinée, station de RER Châtelet-Les-Halles, M. Raffarin continue de battre le fer tant qu’il est chaud en dévoilant le prochain déménagement de Matignon... Porte de la Chapelle !
C’est évidemment sur les conseils de sa toute nouvelle et médiatique Cheftaine de cabinet ministériel en charge des questions de plus et de moins, Lorie, pour ne pas la nommer, que M. "Positive attitude" a jeté son dévolu sur ces quartiers quelques peu inaccoutumés aux ballets de Vel Satis.
"La Tepor de la Pellecha, c’est trop top !", lui a expliqué la jeune mais si hype chanteuse populaire Lorie. "T’as un Ed à moins de quinze minutes à pied et le bus direct pour Saint-Denis... Tu sais, Raffie : le Stade de France ! Et puis, dans les tours, je vais te dire : c’est pas la place qui manque...
Se rapprocher de la France d’en bas, tout en prenant de la hauteur, voilà bien une quadrature du cercle que n’allait pas manquer de résoudre l’homme qui a su tout seul, oui : tout seul, mettre un holà à l’ambition quelque peu déplacée de celui dont on ne parle déjà plus dans les journaux...
Recevant une délégation de grands serviteurs de l’Etat ayant fait part de leur frilosité, tant chez eux le désir de changement est inversement proportionnel à la patine de leurs bureaux, M. Raffarin n’a pas mâché ses mots :
"La décentralisation ne s’arrête pas au périphérique !", s’est exclamé notre grand topographe en chef. "On a bien délocalisé l’ENA à quatre heures de train de la rue Saint Dominique, vous n’allez pas m’en faire tout un fromage parce qu’on déménage vos bureaux à même pas quinze stations de métro ?!"
Au sujet de son propre déménagement, M. Raffarin nous a fait cette confidence navrée : "Si cela ne tenait qu’à moi, je serai déjà sur place, mais c’est Anne-Marie. Vous savez comme elle est : elle a ses petites habitudes chez les commerçants de la rue du Bac ; ça lui rappelle Chasseneuil. Et puis elle a le vertige... En acceptant de rester avec elle rue de Varenne, je serai comme une sorte de vigie".
Et bien voilà ce qui s’appelle avoir une "positive attitude" !
Bon cartons, M. le Premier Ministre !
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IL EST Nécessaire de "positiver" les raisons du déménagement. c’est que les calculs des experts "belliguerroyeurs" ont montré que dans le cas d’une attaque (...)
jupilune
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