Il y a encore peu on ne cachait pas du coté de l’Elysée un certain agacement causé par la fin prématurée du parcours de l’équipe bravepatriote aux jeux africains de balle au pied.

La dream team de la com présidentielle préparait déjà ces « éléments de langages » fins et racés qu’on lui connaît. Ainsi Fredo Lefebvre cherchait à composer une gracieuse badinerie langagière avec les mots « vuvuzela », « gros black », « sale pute » et « Ségolène Royal ». Brice Hortefeux, reprenant un de ses meilleurs sketchs, s’entraînait à prononcer avec l’accent sud africain : « un joueur ça va c’est quand il y a onze qu’il y a des problèmes ! ».

Ambiance africaine

Le mauvais shit passe mal avec les vuvuzelas.

Au sein de l’état major présidentiel on admettait que si on arrivait à convaincre Isabelle Balkany de lâcher un délicat « grosse bite de nègre » dans un quelconque micro on pourrait largement occuper la semaine médiatique. Au pire on pourrait toujours raboter un ou deux trucs fiscaux pour faire la nique au Nouvel Obs, à Libération ou juste pour rire.

Loin de ces subtiles considérations tactiques, les dernières fulgurances de l’actualité sportive ont cependant mis en valeur les vertus pédagogiques des jeux de baballes. C’est aujourd’hui un gouvernement immergé dans le peuple (jusqu’à Lagarde…) qui soutient le juste courroux populaire et demande lui aussi des comptes à SON équipe (mais après les pubs).
En matière de catharsis nationale c’est quand même autre chose que les sottises de Monsieur Woerth.

Recyclage des Vuvuzelas

Roselyne Bachelot souhaite promouvoir des solutions écologiques, originales et "safe".

Que dire en effet à ces millions de travailleurs précaires, créateurs possibles de start-up qui, entre deux publicités, espéraient puiser dans le jeu coloré des bleus une source d’inspiration pour "monter leur boite" ?
Que dire à ces ménages qui, comme les petits porteurs chers à la France d’Edouard, ont joué la victoire de l’équipe nationale pour s’équiper à crédit avec le matériel indispensable à tout honnête homme ?

La grève des petites mains de TF1-COCA-VANIKETAM’R rappelle aussi fort opportunément au bon public de la France disponible que le démon collectiviste n’a pas encore été totalement terrassé. Et puisque d’après Roselyne "rien ne sera plus jamais comme avant" , c’est bien qu’il est temps de réformer, ici, là tout de suite et maintenant (même si ce n’est pas sur la table mais plutôt en dessous).

Pour les spectateurs et les journalistes moins sensibles au péril black-blanc-beur devenu bleu-blanc-rouge, les images d’une équipe qui part à vau l’eau [1] et minées par des courants internes offrent un exutoire élégant et une manière distinguée pour briller autour de la machine à café sans risque.

Relations investisseurs

L’afflux de touristes entrainera au moins 3 points de croissance et des tas de cadeaux pour les petits enfants sud-africains.

Suffisamment en tout cas pour pouvoir tenir jusqu’au week-end prochain. En effet, en visite au Canada, le Président de la France (celle qui gagne) ne manquera pas de saisir cette occasion pour aborder quelques galéjades mondiales au G8/G20.
La planète entière attend avec impatience les mouvements herculéens des petits bras présidentiels pour mettre à bas une nouvelle organisation du monde ou élaborer une réforme du système monétaire entre deux lampées de ce truc dégueulasse au sirop d’érable.