Dédé Lajoie,
Didier Kala,
Edmond de la Brique,
Maurice Panel, mardi 8 novembre 2011 - 11:05
Le ministre de l’Economie a critiqué vertement le rapport publié par la Miviludes. En se basant sur le concert de louanges dont avait fait l’objet le plan d’austérité de M. Fillon, celle-ci avait en effet cru déceler certains des critères qu’elle associe à une dérive sectaire. Rien ne saurait être plus éloigné de la Vérité Suprême et Révélée, a tenu a préciser M. Baroin.
Soumis à la question ce matin sur France Info, François Baroin est revenu sur l’attitude pour le moins étrange de la Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires. Croyant utile d’analyser le langage utilisé par les membres de l’UMP pour commenter les mesures annoncées par le Premier ministre, l’organisme dirigé par Georges Fenech semble en effet avoir outrepassé son mandat.
Car bien que M. Fenech soit lui-même membre de l’UMP, force est de constater que tous les temples ont leurs Judas et tous les dogmes leurs apostats. Sans doute animée de bonnes intentions, la Miviludes n’a rien fait d’autre que de construire son propre « Highway to Hell », a ainsi déclaré M. Baroin, en réfutant point par point un rapport qui n’est qu’un vague galimatias de concepts ésotériques stériles, sans aucune consistance spirituelle.
Le Conseil des Ministres observe ses propres traditions.
La Miviludes cite pour premier exemple de dérive sectaire au sein de l’UMP la confiance aveugle que les membres du mouvement ont en leur Candidat Naturel, Nicolas Sarkozy [1], et son envoyé sur Terre, le Premier ministre.
En basant sa réflexion sur une déclaration anodine de Marc-Philippe Daubresse — « Ce plan est triplement courageux, et François Fillon est son prophète » — l’acribique hiérophante de l’odieuse Inquisition Républicaine ne fait rien d’autre qu’islamiser la doctrine de l’Infaillibilité Primo-Ministérielle, pourtant nécessaire en période de crise.
Une manœuvre que M. Baroin juge irresponsable : « A-t-on jamais vu un orchestre jouer harmonieusement sans se soumettre à la baguette sévère mais juste de son chef ? Croyez-vous que nous pourrions gouverner la France sur un air de punk-rock ? »
« Dans le contexte d’Armageddon économique que nous connaissons, le président de la République a su mettre d’accord les Rois de la Terre au G20 de Cannes. Il serait inconcevable que les Français ignorent ce beau symbole au nom de leur petit confort personnel » a-t-il ajouté.
Même dans l’adversité, le Français sent bon de sous les bras.
Le second point évoqué par la Miviludes est la prétendue sacralisation des efforts nécessaires au remboursement de la dette.
Celle-ci trouverait sa source dans un propos de Jean-François Copé : « il faut aussi avoir le courage de réduire les dépenses publiques improductives, quand bien même cela ferait saigner les Français des gencives ».
Pour François Baroin, cet acte sacrificiel, assumé car nécessaire, ne relève pas de la doctrine mais d’une simple observation des faits : « Quand Ezechiel s’écrie "Que faites-vous d’appliquer au pays d’Israël ce proverbe : Les pères mangent du verjus, et les dents des fils sont agacées !", il est dans une vallée de larmes, comme l’est la France aujourd’hui. S’imaginer que le peuple peut sortir indemne des 35 heures, de l’abus de retraite précoce et des seins nus au soleil de Paris Plage est une peccamineuse abomination ! Le Français est né endetté, et l’heure est à la contrition et à la pénitence. C’est ainsi que les puissances célestes de Strasbourg et Bruxelles en ont décidé ».
La mort aurait programmé la France dans son grand ordinateur.
La Miviludes dénonce par ailleurs les fréquentes références apocalyptiques du gouvernement, et la promesse qu’un au-delà meilleur attend les Français méritants.
C’est Mme Pécresse qui voit à cette occasion ses propos mal interprétés : « Aujourd’hui, avec le projet de budget que je présente et le projet de budget de la Sécurité sociale, nous sommes prêts à faire face à la situation de l’année prochaine ».
Or la France est bel et bien sous la menace d’une perte prochaine de sa note AAA, et l’année prochaine constitue une échéance cruciale.
François Baroin juge pour le moins tirée par les cheveux l’accusation de millénar-et-douzisme dont l’UMP fait l’objet : « Cette date est importante pour nos finances. Quoi qu’en pense M. Fenech, c’est en 2012 que nous saurons si la France peut échapper au monstre de l’abysse. Quant au parallèle établi avec les ridicules superstitions des Mayas, il ne tient pas la route : n’oubliez pas que les agences de notation ont mis notre note sous surveillance à cause du programme de M. Hollande. C’est en mai que nous saurons si nous devons craindre la fin du monde, pas en décembre ».
Hâve, les yeux cernés, souvent incohérent, le sectateur-type est facilement reconnaissable.
Enfin, la Miviludes assimile à de la fragilité psychologique l’enthousiasme qui accompagne les nécessaires adaptations du programme gouvernemental à une réalité sociologique nouvelle.
C’est pour M. Baroin la goutte qui fait déborder le calice : « Qualifier d’endoctrinement aveugle certains comportements de révérence témoigne seulement que la mission interministérielle n’a pas peur du ridicule. Ce conventicule nous jette au visage l’accusation d’être aliénés alors que l’UMP ne fait que préserver avec loyauté une ligne claire dans un monde qui change.
« Certes, la loyauté paraît passée de mode dans une société où domine malheureusement un matérialisme effrayant et avide d’avantages gratuits. La Miviludes a beau jeu de publier de spécieuses analogies entre la piété des Jeunes Pop’ et les techniques incantatoires des gourous, mais rien ne saura occulter le fait que la restauration bénéficie toujours d’une TVA réduite ».
L’attitude résolument partisane de la Miviludes est mise en exergue par l’absence notable d’une quelconque remarque sur la vénération par les socialistes d’un énigmatique Trésor caché de 255 milliards d’euros.
Or ce Veau d’Or à extirper brutalement des anus des membres les plus respectables de la Patrie fait partie intégrante du programme de M. Hollande.
Avec abnégation, la Providence gouvernementale préfère pour sa part nous promettre avec réalisme une courageuse traversée du désert [2], dans lequel il a été scientifiquement prouvé qu’on pouvait facilement survivre quarante ans.
Haut les cœurs, citoyens ! Mai 2012 approchant, nous savons que François Fillon nous régalera de manne et que Nicolas Sarkozy changera l’eau croupie de ses armées en campagne en le plus délicieux des nectars.
[1] Il connaît Tom Cruise.
[2] Un désert par ailleurs aux portes de l’Europe et débordant de bédouins bridés friands de choucroute
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