Juan Marcos Von Braun, samedi 21 août 2010 - 18:23
C’est la réponse ferme mais courtoise (mais ferme) apportée hier soir par notre gouvernement aux hurluberlus qui voudraient saloper nos centres-villes avec ces équipements dispendieux et d’un intérêt moral douteux dont la vocation est, rappelons-le, d’offrir aux toxicomanes le clos et le couvert pour s’abimer dans les affres de l’improductivité. Un sursaut salutaire de nos dirigeants qui, décidément tiennent fermement le gouvernail de la patrie même à la morte-saison.
A l’approche de la rentrée scolaire, plusieurs millions de mères de famille peuvent désormais laisser libre-cours au soulagement bien légitime qu’elles éprouvent quant à l’avenir de leurs enfants. Non, Madame, votre fils n’ira pas se faire injecter du cannabis dans les veines par des médecins subventionnés ! Non, Madame, votre fille ne sera obligée de porter une burqa pour dissimuler les traces de piqûres qui constelleront son épiderme diaphane ! Saisi d’une demande irresponsable d’implanter dans notre pays un certain nombre de lieux dédiés à la consommation de stupéfiants, notre Premier Ministre M. Fillon a opposé une fin de non-recevoir cinglante aux associations marxisantes et autres prix Nobels d’homéopathie venus le démarcher sur son lieu de travail.
« Non », aurait déclaré en substance le chef du gouvernement.
Une décision qui, malgré son caractère spontané, procède d’une réflexion profonde de l’exécutif bravepatriote. Car l’implantation de ces salles d’injection aurait présenté, il est vrai, certains aspects positifs, en permettant par exemple de mieux diriger les interventions des forces de l’ordre et limiter les frais de déplacements nécessaires pour remplir certains quotas d’interpellation. L’installation de ce type d’équipement pourrait aussi constituer un atout sérieux dans la candidature des communes désireuses d’accueillir une étape du Tour de France.
Ces avantages pèseraient cependant bien peu face aux ravages d’une telle initiative sur le tissu social et les finances publiques. Réaliser de tels équipements coûte des sous : outre le bâtiment, son papier-peint psychédélique et la VMC double-flux nécessaire pour les fumeurs de crack, la rémunération des pseudo-médecins qui les animent, l’achat régulier de produit vaisselle pour nettoyer les seringues et autres faux frais viendraient encore alourdir la dette que cinquante ans de socialisme ont fait peser sur les épaules de nos enfants.
Et tout ça pour une poignée de privilégiés qui, jusqu’à présent, avaient très bien su se passer de club-house pour découvrir la schnouffe.
Mais au-delà des considérations matérielles, la décision de M. Fillon s’appuie sur une connaissance concrète de ce dossier sordide, et des expérimentations qui sont déjà en cours à travers le pays. Ainsi cette petite salle située rue de Varenne, au rez-de-chaussé d’un discret édifice du VIIème arrondissement de Paris, qui chaque mercredi accueille une trentaine d’anonyme en quête de trip. « Un spectacle atterrant », confie le Premier Ministre. « Toujours les mêmes personnes, les mêmes hallucinations : au bout d’un quart d’heure, ça crie, ça pleure, ça cherche un Rrom à expulser. Certains s’oublient complètement sous l’effet des stupéfiants, et ça pue ».
Autre lieu d’expérimentation : un petit village du sud de la France, Brégançon, où le Premier Ministre s’est plusieurs fois rendu cet été pour voir de ses yeux les ravages de la drogue. « Quand je suis parti, il en restait encore trois ou quatre qui se demandaient où trouver du fric, de la maille comme ils disent. Certains voulaient supprimer la TVA à 5,5 % dans la restauration, d’autres craignaient que les restaurateurs partent s’installer en Chine si on les taxait trop. Après un troisième bang, ils sont tombés d’accord sur le maintien du bouclier fiscal en misant sur 2,7 % de croissance pour 2010 ».
Une situation qui inquiète les riverains, comme nous l’explique le maire du village, Firmin Estingois : « Il y quelques années, on avait vu l’un des occupant montrer sa bite en haut des remparts du fort ; c’était sympathique et bon enfant. Mais ces derniers temps, on sent bien qu’ils sont passés à des trucs beaucoup plus durs. Ils se font du mal. Je ne voudrais pas voir mes enfants traîner là-dedans ».
L’intérêt supérieur de la nation rencontre ici la légitime inquiétude d’un père de famille : notre gouvernement reste à pied d’œuvre pour endiguer les ravages de la pensée soixante-huitarde sur la Santé Publique.
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