Une semaine après l’éruption, des dizaines de milliers d’otages des cendres sont encore échoués dans des aérogares exotiques. Malgré la solidarité manifestée par le personnel local et les petits arrangements qui permettent de mieux supporter cette galère, leur moral atteint des tréfonds.
Josiane, qui vit depuis jeudi dernier dans le terminal 2 de JFK, à New York, dit ainsi approcher du bout du rouleau. Si elle parvient à se nourrir en mâchant les vieux gobelets de café que lui donnent les serveurs du corner Nespresso des portes 12A à 18A, le plus dur n’est pas là, nous explique-t-elle dans un murmure douloureux : « ÇA FAIT UNE SEMAINE QUE J’AI PAS FUMÉ ! »

L’inimaginable est arrivé : scène d’autophobie à la Défense.

Outre cette détresse insoutenable, un second problème émerge peu à peu, d’ordre économique : les individus qui ont les moyens de partir loin occupent pour la plupart un poste correctement payé.
Mis a contribution dès la semaine dernière, les analystes de Bercy ont livré hier à l’Elysée un rapport sans concessions intitulé On ne peut pas être au four et au moulin. Leur bilan, si l’on schématise : une journée passée dans un aéroport distant n’est pas passée au bureau.
Ce qui grève la productivité des entreprises, une situation potentiellement catastrophique alors que la France négocie une délicate sortie de crise.

C’est pourquoi Jean-Louis Borloo, qui chapeaute le ministère des Transports, a proposé à Nicolas Sarkozy de mettre en œuvre un nouveau plan.
Sa proposition précédente - rapatrier tous les Français bloqués à l’étranger en 48 heures - était trop ambitieuse, il le reconnaît aujourd’hui : « Ouais... mais j’étais bourré ! ».
La nouvelle, en revanche, est imparable : faire jouer la solidarité nationale. « J’étais là, au bar, » confie le ministre, « on faisait un Rapido, je regardais Georges, et je me suis dit "Lui c’est mon meilleur ami". Et je me suis tourné vers Houssein pour lui dire, et là j’ai réalisé que lui aussi c’était mon meileur ami. Putain, je les aime ces mecs, je ferais n’importe quoi pour eux ! »
Sur la base de tels sentiments, il ne semble donc pas illogique de demander à la population française de faire un effort et de se mobiliser pour aider ceux qui souffrent.

De fiers Français marchent, le front conquérant, pour libérer leurs frères et leurs sœurs.

M. Borloo propose donc un système de Relève. Il en fait la démonstration devant les journalistes : quatre olives sont alignées sur le comptoir et le cendrier est rempli de tickets de Rapido déchirés que le ministre arrose de calvados. Puis il y met le feu : « C’est simple, ça peut pas rater : si trois chômeurs acceptent de se jeter dans le volcan [1], un travailleur rentre et retrouve sa famille et son patron. »

Si l’idée est retenue par l’Elysée, il faudra très certainement voter une loi en procédure d’urgence. Place Vendôme, on confirme : « Il existe déjà un texte dans la législation française, mais c’était il y a très longtemps. On va en faire un nouveau, on a des technico-commerciaux en intercontrat de toute façon. »
Jean-Louis Borloo, pour sa part, se trouve déjà au bar de l’étage des arrivées à Orly Ouest. « Le premier qui rentre, je lui paie un coup. J’aime les humains, bordel ! »