Société

Qualification des Bleus : la France se rompt le frein

Didier Kala, mercredi 20 novembre 2013 - 11:42 Partager sur Facebook Tweeter Enregistrer sur del.icio.us Enregistrer sur Google Bookmarks Enregistrer sur Yahoo! Envoyer par e-mail

Suite à la liesse populaire qu’a entraînée la qualification inespérée de l’équipe de France pour la Coupe du Monde de football hier soir, un fâcheux accident domestique est survenu qui pourrait bien faire marcher le pays en canard pendant quelques jours.

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Ces derniers temps, la France s’était rabattue sur un sex-toy pour atteindre l’extase.

« Même en fermant les yeux et en pensant très fort à 1998, je n’y parviens plus », avouait encore la France hier après-midi. « Ils ne me font plus rêver. Je dois regarder des matches du PSG en cachette, mais ça n’est pas exactement pareil, bien entendu. C’est virtuel, ça part aussi vite que c’est venu. »
Bien des années après le coup de foudre, le désir de la France pour son équipe de football s’était émoussé, comme tant de couples en font tristement l’expérience. De l’indifférence la relation avait tourné à la mesquinerie, pour culminer la semaine dernière, après la défaite contre l’Ukraine, en une Schadenfreude [1] nationale.
Sur les réseaux sociaux, chacun y allait de son bon mot pour tenter de rebondir en draguant par top tweets interposés l’équipe olympique de curling [2], sans se rendre compte qu’à travers ce désamour exhibé c’était surtout le désamour d’elle-même qui transparaissait.

Dans cette ambiance délétère, l’inimaginable est pourtant survenu et on a vu rejaillir le feu d’un ancien volcan qu’on croyait trop vieux.
« Je ne sais pas ce qui m’a pris, d’où ça venait, mais dans le premier quart d’heure j’ai commencé à me toucher, » déclare ainsi la France.
Un peu honteuse au début, se sentant un peu sale de fantasmer le passé, la France n’a cependant pu s’empêcher de fermement s’empogner après le but de Mamadou Sakho à la 22e minute. « C’était dur. Très dur. J’ai commencé à me faire des films, je voyais des positions de jeu, j’imaginais des joueurs giclant de partout... »
La France s’est reprise à espérer. Au second but, elle a laissé exploser sa joie. L’amour, l’espoir fou étaient revenus, elle retrouvait en regardant son équipe l’ardeur des premiers jours et ne parvenait plus à contenir un bonheur jaillissant à flots.
« La mi-temps était la bienvenue, laissez-moi vous le dire. Mon cœur battait à toute vitesse, j’étais en nage, il fallait souffler. Puis ça a repris, et j’ai senti que c’était encore possible. J’ai recommencé. J’avais les mains qui tremblaient. »
Un effort qui a payé puisqu’à la 72e minute, en voyant son équipe la qualifier, la France s’est fait dessus une seconde fois.

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La rupture de frein désolidarise le prépuce du gland, exposant ce dernier à l’air libre.

Sous l’afflux d’endorphines, la France s’est prise à s’aimer à nouveau, et ce fut le drame.
Pour Marion-Jennifer Freud, rédactrice en chef de Psychologies Magazine, on assiste a un transfert classique : « la mauvaise relation entre la France et son équipe de foot affectait son amour-propre, et son Wurst en souffrait. L’admiration en première mi-temps a provoqué un Verhärtung que la France a naturellement associé à son Wurst malade, puisqu’elle y percevait par association un Prickeln. La France s’est alors concentrée sur ce Wurst renaissant, et ce qui devait arriver arriva : elle a exprimé sa Bechamelsoße refoulée. »
En conséquence de quoi la France s’est adonnée une bonne partie de la nuit à un auto-érotisme torride, obnubilée par la gloire qui venait de lui être apportée : « Je ne sais pas ce qui m’a pris, je ne pouvais plus m’arrêter. Ça glissait, tout semblait simple, il n’y avait pas de demain, juste un présent. Ma Bechamelsoße ne demandait qu’à englober le monde. »
C’est à 3h47 du matin, alors qu’elle faisait un baroud d’honneur sur Twitter, que la rupture de frein est survenue.
Ce matin, la France a convenu qu’elle en avait peut-être fait un peu trop, trop vite.

Le gouvernement, par la voix du Premier ministre Jean-Marc Ayrault, a tenu à rassurer : « A quelque chose malheur est bon, et nous ne pouvons que saluer la rupture de frein de la France. La liberté qu’offre aux glands l’absence de freins va nous permettre de pousser plus loin les réformes nécessaires. Ça va piquer un peu, mais dès la cicatrisation nous sommes persuadés que nous assisterons au redressement de la France. »

Notes

[1L’acte de rire en regardant en boucle une vidéo YouTube de Harald Schumacher et Patrick Battiston, NDLR

[2La France a depuis effacé les DM tendancieux échangés lors du week-end. L’équipe olympique de curling s’estime trahie.

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