Economie

Elle tente de se suicider après un concours de slam

Didier Kala, mercredi 8 octobre 2008 - 12:05 Partager sur Facebook Tweeter Enregistrer sur del.icio.us Enregistrer sur Google Bookmarks Enregistrer sur Yahoo! Envoyer par e-mail

Plus que la rime ou la raison, ce sont les sentiments qui bien souvent déterminent un comportement. La Bourse n’échappe pas à cette règle. Ce réceptacle poétique de l’extrême est un milieu où chaque mot peut revêtir une importance capitale et engendrer des répercussions cataclysmiques. Sans doute trop naïve, certainement en pleine détresse morale, la Bourse s’est rendue à un grand concours de slam au Palais de l’Elysée samedi dernier. Elle cherchait des paroles d’espoir, elle voulait reprendre confiance, elle attendait de se faire emporter par la cadences des dieux du verbe. Puis Nicolas Sarkozy est monté sur scène.
Puis lundi, la Bourse a tenté de se suicider.

Il arrive parfois (mais rarement) que la santé des marchés financiers soit influencée par des facteurs psychosomatiques plutôt que des causes cliniques réelles. Ces sujets étant notoirement affligés d’une hypocondrie cyclothymique, il avait jusqu’alors suffi de leur susurrer de gentilles paroles et de les tapoter sur la tête pour leur faire retrouver le sourire - et qu’y a-t-il de plus beau qu’un analyste financier qui sourit de toutes ses dents ?
C’est pourquoi le G4, un collectif connu pour la richesse de ses textes, son jeu de scène débridé et l’effet feelgood de ses prestations a décidé de donner un concert samedi dernier à l’Elysée. Ces maîtres du slam enjoué (Angie M., Mr Brown, Il Cavaliere et Nick Vicious) n’avaient qu’un seul objectif : faire briller le soleil dans le cœur de la planète finance et lui redonner confiance.
Célébrée en fanfare dans tous les media nationaux, leur prestation semblait avoir ravi les analystes du dimanche. Mais lundi matin une mauvaise copie du concert a fuité sur un clone de YouTube, et le verdict des analystes du lundi est tombé : ils voulaient mourir.
Comment cela a-t-il pu arriver ? Brave Patrie revient sur les événements du début de semaine au travers de la prestation du membre français du collectif.

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Contre toute attente, ils n’ont pas réussi à redonner confiance.

Nick Vicious - Nicolas Sarkozy à la ville - n’est pas un débutant. Rôdé à la tchatche par son vieux mentor Charlie Wan Kenobi, marié à l’une des plus grandes chanteuses francophones, son staccato et l’adéquation de son imagination avec les attentes du public lui ont permis de remporter des concours de slam prestigieux et de rester des années durant la personnalité artistique préférée des Français. Il est par ailleurs habitué aux collaborations internationales et a déjà slammé avec les plus grands, comme Vlad l’Empaleur ou Bash Dubious George. Ce n’est donc pas l’inexpérience qui explique l’accueil frais réservé à la performance de samedi. On peut en revanche, et il ne faudrait surtout pas s’en priver, pointer du doigt le conservatisme d’un public qui n’était pas prêt à l’audace du slam de Nick Vicious.

Celui-ci a en effet entamé son solo par une reprise d’un de ses plus grands hits : son imitation d’un Robert Mitchum en état d’ébriété au G8 de 2007 [1]. Pas un signe rassurant pour un auditoire qui n’a pas su voir qu’il s’agissait en fait d’un miroir et que l’artiste se moquait de l’attitude parfois erratique du public.
Bien que courante en slam, la pratique de l’auto-citation (voire du nombrilisme perpétuel) n’est cette fois-ci pas passée.
Puis vinrent les premiers vers originaux. Obscurs mais profonds, inspirés d’un orientalisme sans doute ramené de la tournée pékinoise que Nick Vicious a effectuée cet été : « Ce n’est pas parce que le patient a de la fièvre / qu’il faut lui casser le thermomètre dans le cul ». Bien que répétée plus tard en termes compréhensibles par le commun des mortels (« pour que demain, les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets. »), l’image a semble-t-il eu du mal à atteindre une cible trop matérialiste et concentrée sur la bête cause plutôt que sur la beauté sans cesse transformée de l’effet.

(Le public des analystes financiers, pas très subtil, est d’ordinaire sensible à une imagerie plus pompière, comme le révèle par exemple le Boursotop 50 de ce matin, dont le n°1 comprend les paroles suivantes :

Le Turbo call code 1021D seuil de référence 60.05 n’est en l’état pas risqué et lorsque le son du canon avoisinera le lointain, il devrait s’apprécier à la juste mesure d’événements heureux nés du champ du malheur. Les balles sifflent néanmoins encore et le pot au lait troué joue des tours aux rêves les plus audacieux. En deçà des 63 euros, nul doute qu’une triste réalité s’imposerait.

Non, ce public n’est pas très subtil.)

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Que faire pour que les traders retrouvent le sens de la déconne ?

L’avant-gardisme de l’approche de Nick Vicious est donc tombé dans l’oreille d’un sourd.
Il n’est d’ailleurs pas le seul à avoir bousculé le public : Il Cavaliere, connu pour ses frasques rock’n’roll, a lui tenté un slam façon chanson napolitaine (qu’il pratique fort bien sous le pseudonyme de Silvio Berlusconi). Ses paroles de réconfort, teintées de la tendresse de l’absurde (« la situation d’aujourd’hui est très différente de la situation de 1929. A cette époque-là, les finances étaient totalement détachées du monde réel. » ou encore le très joli « Il faut ramener de l’éthique dans le monde des finances. ») n’ont pas eu plus de succès.

La triste vérité, c’est que les marchés ont tenté de mettre fin à leurs jours parce qu’ils n’ont pas su écouter - ou pire, parce qu’ils ne sont pas assez sensibles pour comprendre la réalité teintée d’onirisme du monde qui les entoure, et l’amour que celui-ci leur porte.

Face à cette attitude égoïste, le monde des artistes engagés ne baisse pas les bras et l’Amérique prend le relais de l’Europe : Bash Dubious George lui-même, l’homme dont les slams ont fait se lever des millions de personnes, a annoncé une nouvelle tentative de performance ce week-end, mettant cette fois-ci à contribution des slammeurs du monde entier. Dont Mme Lagarde, qui paraît-il prépare un poème à l’humour débridé - sa marque de fabrique - afin de redonner le moral à tout le monde.
Allez, ça ira mieux la semaine prochaine !

titre documents joints

Notes

[1Nous savons maintenant qu’il s’agissait de reflux gastriques, mais l’effet n’en était pas moins impressionnant

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