Juan Marcos Von Braun, vendredi 22 septembre 2006 - 11:10
Soucieux de rompre avec une pratique détestable consistant, pour certains dirigeants politiques, à annoncer du jour au lendemain leur retrait de la vie politique, le président Chirac prépare dès aujourd’hui la fin, programmée pour mai 2007, de son action au service des français. Ce départ, annoncé suffisamment à l’avance pour ne pas causer de mouvements de panique bien compréhensibles parmi nos compatriotes, ne signifie toutefois pas la fin du rapport quasi-charnel qu’entretenait le locataire de l’Elysée avec la France. Car cette dernière pourra, d’ici peu de temps, le retrouver en librairie : Jacques Chirac prépare la rédaction de ses mémoires, réalisés sous la direction de Laurent Le Mesle, nommé procureur général de Paris grâce à la souplesse des moeurs politico-judiciaires bravepatriotes.
Homme de travail, amoureux de l’effort, personnage en perpétuelle quête d’accomplissement, notre Président n’en est pas moins un esprit lucide qui sait qu’il devra, d’ici une poignée de mois, céder à autrui - et si possible pas à autrui de moins d’1m70 - les rênes du pouvoir suprême de la République.
Cette retraite annoncée, pour laquelle M. Chirac aura cotisé durant 50 années, donnant sa vie, donnant son temps, sa force, son talent, et une partie de son corps au service des français, pourrait faire frémir bien des travailleurs. Confronté au néant du temps qui reste, se rappelant l’infini des occasions manquées par le passé, notre Président pourrait, comme beaucoup de nos personnes âgées, céder à la facilité d’une passivité neurasthénique dans le rassurant salon climatisé d’un pavillon du Lubéron. Mais il n’en sera pas ainsi.
Car conscient du rôle de guide ultime qui fut le sien pour 82 % de nos compatriotes, M. Chirac sait que le peuple attend encore beaucoup de lui. Il attend que de sa main, continue de s’écrire l’Histoire d’un pays qui lui doit beaucoup. Il attend de connaître, d’un homme désormais libéré des contraintes du pouvoir, quel fut l’envers de ce quotidien prestigieux. Quelles furent les tensions cachées derrière chaque décision d’envergure.
Quelles furent fugitives secondes de joie qui entrecoupèrent des heures entières d’une concentration sans défaut au service de la France.
M. Chirac, accueilli au guichet du palais avec tous les honneurs dûs à son rang, fait sa réservation pour mai 2007.
Et pour mener, avec le soin et la rigueur qui s’impose, son œuvre littéraire, M. Chirac, une fois encore, ne laissera rien au hasard.
En désignant, pour l’épauler, un collaborateur de qualité : Laurent Le Mesle, un ami.
Et en choisissant, pour la sincérité de son écriture, l’environnement le mieux adapté au travail d’enquête et au témoignage : le Palais de Justice de Paris.
Dans 90 000 m² de rassurantes marbrures et de nobles boiseries, entouré d’un personnel aussi dévoué que compétent, M. Chirac, passant d’un palais à l’autre, sait qu’il jouira des conditions idéales pour livrer à la postérité les moindres détails d’une existence passée à sauver la France.
Entouré des meilleurs spécialistes de la prise de notes, il se sait à l’abri de toute omission, de toute imprécision et de toute répétition.
A proximité directe de plusieurs tonnes d’archives relatant les divers moments de sa carrière, il pourra s’abstraire des contraintes logistiques propres aux travaux d’investigation historique, et pallier tout éventuel trou de mémoire, phénomène hélas si fréquent à l’hiver de la vie.
Travailleur noctambule notoire, M. Chirac disposera en ces lieux (fort bien équipés) d’une chambre où savourer, sur place, quelques heures d’un repos mérité, dans le sous-sol du bâtiment, lieu propice à l’introspection personnelle.
En outre, la mise en place annoncée de l’enregistrement vidéo des gardes à vue et entretiens au coin du feu avec les juges d’instruction laisse augurer la parution possible d’une édition DVD des mémoires de notre Président, à destination du jeune public.
Les vastes espaces de la salle des Pas Perdus du palais permettront à M. Chirac de s’entraîner, avec Guy Drut, au 110 mètres haies. Au cas où.
Encore accablé, à ce jour, par les responsabilités qui sont les siennes à la tête de la France, M.Chirac a tout naturellement délégué à M. Le Mesle le soin des préparatifs de son séjour sur l’Ile de la Cité. Une tâche qui ne saurait souffrir le moindre délai.
Car c’est dès maintenant qu’il convient d’anticiper les différents problèmes d’intendance (en particulier la question fort délicate du ravitaillement alimentaire), mais surtout d’organiser, en amont, le travail des nombreux auxiliaires mis à disposition par le Ministère de la Justice, propriétaire de cet établissement réputé.
Une mission ardue, consistant à distinguer parmi la masse imposante des souvenirs professionnels du Chef de l’Etat ceux qui seront dignes de figurer dans les lignes du Récit National de ceux qui, ne présentant qu’un intérêt anecdotique, pourront être passés sous silence sans trop amputer le travail des futurs historiens.
Ainsi, M. Le Mesle aura à coeur de faire en sorte que certaines péripéties - certes touchantes - survenues à M. Chirac au cours de sa carrière s’effacent pour ne pas brouiller le message que notre Président se doit de transmettre aux générations futures. Il sera donc rapidement passé sur la démarche visionnaire de celui qui, alors Maire de Paris, avait fait en sorte que certains administrés décédés puissent, une fois accomplis les progrès de la science permettant de remédier à leur condition, jouir de nouveau sans délai de leurs droits civiques.
De même, les écrits du Chef de l’Etat n’évoqueront pas l’expédition héliportée vers le Toit du Monde organisée par son entourage le 27 juin 1996, tant il serait dommageable pour la culture populaire que cette histoire occulte d’autres oeuvres de grande valeur, telles Tintin au Tibet.
Enfin, pour ne pas perdre le lecteur dans des détails techniques et un jargon que seuls les plus grands pénalistes seraient à même d’apprécier, le récit sera expurgé de toute allusion à un prétendu “RPR”, groupuscule politique aujourd’hui oublié de nos concitoyens dont il convient simplement d’indiquer qu’il s’acharna, par le passé, à tenter de nuire par les manoeuvres les plus viles à notre Président.
On le voit, les mémoires présidentiels, avant même que ne débute leur rédaction, prennent une tournure qui devrait conduire leurs futurs lecteurs à attendre leur publication avec la plus grande impatience.
Impatience, tel est justement le mot qui explique la fébrilité des employés du Palais de Justice à la perpective de recevoir, dans leurs murs, un invité aussi prestigieux que Monsieur Chirac.
Les lecteurs désireux d’en apprendre davantage sur les militants du IIIème arrondissement pourront se rabattre sur les excellents documentaires de Georges Romero.
« Ca, pour l’attendre, on l’attend ! », confirme Michel Courtecorde, magistrat instructeur, en se frottant les mains. « Tous ces préparatifs, cette nomination de M. Le Mesle, causent une véritable effervescence parmi le personnel de l’établissement. C’est un peu comme si un compte à rebours s’était déclenché et, croyez-moi, nous serons prêts au jour J ! C’est bien simple : moi, en 2007, je pose tous mes congés en début d’année pour être pleinement disponible à ma tâche à partir du mois de mai. »
L’enthousiasme qui se lit sur les visages surmontant ces longues robes noires, le sérieux avec lequel se prépare, petit à petit, le séjour de notre Président au quai des Orfèvres : tout indique un choix des plus judicieux pour encadrer l’oeuvre jurisprudentielle littéraire majeur de ce début de siècle, dont l’exclusivité devrait selon toute vraisemblance être confiée aux éditions Dalloz.
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Erreur, ce ne sont pas des haies mais des déambulateurs tandem pour sénateurs.
Un patriote anonyme
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