Au mépris des sondages
Juan Marcos Von Braun, dimanche 29 mai 2005 - 14:45
Des chiffres dont l’ordre de grandeur ne peut que rappeler la grande Communion du 5 mai 2002. 96 % de voix en faveur du « Oui » à la ratification du Traité Constitutionnel Européen ! Si le péril d’un basculement de l’Europe vers la dégénérescence bolchevique semble, du fait du vote courageux d’une nette majorité d’électeurs, au moins temporairement écarté, le Gouvernement n’en conserve pas moins la tête froide et, dans un souci clairement prophylactique, a décidé se laisser porter l’élan populaire ainsi constaté, en prenant dès aujourd’hui les mesures à même de faire disparaître la vermine qui menaça un temps nos Braves institutions.
Si à l’heure où nous mettons ces quelques mots en ligne les résultats définitifs du scrutin ne nous avaient pas encore été communiqués par le service action de la DST, les premiers sondages à la sortie des urnes semblent très clairement justifier que résonne, dans la salle de réception n°2 du Quai d’Orsay, le bruit des bouchons de champagne et des hourras, sur fond du bruissement des paquets de Chipsters distribués à la hâte par Jean-François Copé.
C’est en effet un événement sans pareil qui est fêté de manière totalement improvisée par le Gouvernement de notre Brave Patrie en ce 29 mai 2005, et qui justifie pleinement les dix minutes de relâchement que nos dirigeants se sont ainsi accordées dans une leurs journées de travail de 28 heures d’affilée (en se promettant de rattraper le temps perdu en ne regardant pas Roland Garros). Le jour où la France aura dit « Oui, ok, c’est bon, maintenant tu nous lâches avec ton traité » à la Constitution Européenne, marquant de manière nette le chemin que devront emprunter nos voisins et néanmoins amis du reste de la Brave Europe.
« Aujourd’hui, c’est un peu la fête », déclarait-il y a tout juste quelques minutes M. Dominique de Villepin, le sourire plein d’audace.
Interrogé quant au mutisme étrange d’un « camp du non » discret depuis la parution des premiers chiffres, le Ministre de l’Intérieur a tenu à conserver la plus prudente réserve.
« Aujourd’hui, ça a été un peu leur fête », a-t-il toutefois laconiquement concédé, accompagnant ses propos d’un clin d’œil complice.
Car si la joie étreint aujourd’hui notre Brave Patrie toute entière, notre Gouvernement n’en oublie pas pour autant les longues semaines de tension et de peur qui précédèrent ce scrutin. Caressant du pouce la gâchette de son flashball de fonctions, M. de Villepin a mis en œuvre, sur l’ordre implacable de notre bien-aimé Premier Ministre, les mesures à même de garantir qu’un chantage négativo-gauchiste, tel que celui subi ces dernières semaines par le pays tout entier, ne se renouvelle pas
L’interpellation des responsables du « non » de gauche n’aura pas attendu la fin du week-end : dès 11h30, ce sont les gendarmes, et non le « Sens de l’Histoire » qui sont venus saisir Marie-George Buffet au sortir de l’inauguration de la MJC Nikita Khrouchtchev d’Ivry-sur-Seine.
A la même heure, le GIPN enfonçait la porte du domicile de Laurent Fabius, trouvant les lieux abandonnés avec précipitation par ce dernier - aperçu quelques minutes plus tard filant sur l’A13 direction Evreux.
A l’origine de cette saine vague répressive, le scandale déclenché par un certain nombre de partisans gauchistes du « non », tentant de faire croire à un prétendu « complot » visant à truquer le déroulement du scrutin. La source de cette manifestation de complète paranoïa : la décision de fermer dès 10h30 les bureaux de vote des communes de la petite ceinture parisienne (sauf la partie ouest), prise ce jour même par M. Raffarin, et sans doute mal interprétée par une partie des électeurs concernés. Car là où certains rouges-banlieusards n’ont perçu que fiel et volonté de les empêcher d’exercer leurs droits politiques dans une intention frauduleuse, il fallait en fait voir le souci de garantir que lesdits électeurs soient rentrés à temps chez eux pour célébrer de manière digne la Fête des Mères, inscrite par un hasard de calendrier le jour même de la grande communion europhile à laquelle nous assistons en ce dimanche.
Ces mensonges éhontés devaient être tués dans l’œuf.
Notre Brave Gouvernement a donc pris la mesure de la paranoïa noniste en prescrivant l’internement d’office des dirigeants spartako-krazukistes les plus atteints par ce trouble mental dans l’antenne psychiatrique de l’Hôpital Paul Brousse de Villejuif, où les attendent déjà Jean-Luc Mélanchon et Philippe de Villiers.
Si la liesse et le soulagement succèdent aujourd’hui à l’angoisse d’un « non » porteur de tous les féaux, notre Brave Patrie ne doit pour autant pas oublier la cause première du flottement dont elle fut, ces dernières semaines, victime dans ses certitudes. Car il serait inadmissible de réduire trop vite à une petite minorité agissante le camp de l’opposition à l’Europe du Progrès Décentralisé. Et les dirigeants de la gauche « raisonnée », dans tout ça ?
Les Hollande, Jospin, Royal et Strauss Kahn, véritable saboteurs d’espoir national, feignant d’apporter leur soutien à l’œuvre salutaire de notre gouvernement, impuissants à mobiliser leur maigres troupes à l’appui d’un projet conditionnant le bien-être de centaines de millions d’Européens : où étaient-ils à l’heure de cette grande bataille ? Planqués comme des gros lâches.
Une lâcheté largement aggravée par l’action de médias toujours à la botte de l’ancien pouvoir, qui n’ont eu de cesse au cours des mois passés de critiquer, de dénigrer et de stigmatiser les arguments en faveur du Traité Constitutionnel Européen. Un acharnement propagandiste latent, quand il n’était pas manifeste, une persécution de tous les jours, face à laquelle nos Braves Compatriotes ont du plier l’échine dans l’attente de pouvoir librement, enfin, hurler un OUI orgasmique dans l’isoloir.
Sachez, Messieurs les rescapés de l’esprit de mai 2002 et de ses purges orchestrées par le grand Nicolas, que votre maintien dans la vie politique de notre Bravepatrie ne s’était fait qu’à la condition d’un amendement profond de votre discours et de votre attitude. Et que ce n’est pas en ayant encouragé le « Oui » du bout des lèvres et en vous pinçant le nez que vous aurez gagné le droit de vous associer, même brièvement, au glorieux succès que nous fêtons ce jour, et qui doit décidément être mis au seul crédit de notre Brave Gouvernement. On ne rachète pas une virginité politique ainsi, Messieurs les collabos du mitterrandisme rampant !
Au final, le prétendu « Oui » de gauche aura, dans cette victoire, eu aussi peu d’utilité qu’une vésicule biliaire pour l’organisme semi-divin de notre Brave Premier. Grand seigneur, notre gouvernement s’est contenté, au titre des mesures de rétorsion, de demander au consulat bravepatriote de l’Ile de Ré de faire vachement plus gaffe, pour l’avenir, dans la distribution des visas.
C’est dans une sérénité méritée que notre Premier Ministre a pu commencer à vider son bureau et remplir ses cartons, certain désormais du bien-fondé et de la popularité de son concept de Brave Patrie Décentralisée, voire carrément Ex-centralisée à Bruxelles, enfin mis en application. Une idée forte, qui a elle seule peut résumer ces trop courtes années d’action effrénée et en tête à queue de notre gouvernement.
En ce dimanche 29 mai 2005, Bonne Fête à ma maman, et à toutes les mamans de la Brave Europe fédérée !
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