Didier Kala, mercredi 7 avril 2010 - 15:45
Le président de la République a fait la démonstration ce matin qu’il avait entendu les préoccupations exprimées par les Français lors des élections régionales. En nommant M. Lambert préfet de Seine-Saint-Denis à la place de M. Meddah, Nicolas Sarkozy prend en compte la spécificité du département et satisfait ainsi au minimum 12,23% des électeurs du premier tour.
Le symbole est fort : le RAID expulse de la préfecture de Seine-Saint-Denis un Arabe, qui bien souvent sont des trafiquants. C’est un fait.
Si l’opération ne s’apparente pas totalement à un coup de Kärcher, le porte-parole du gouvernement a toutefois pu adapter la métaphore en déclarant ce matin, à la sortie du Conseil des Ministres, « On n’avait plus de Baygon, alors on a sorti le RAID. Ah ah ah. »
Eric Zemmour, qui suivait le compte-rendu en sa qualité d’éditorialiste pour Rires et Chansons, a lui aussi bien rigolé.
D’une pierre deux coups : les agents du RAID participent aussi au reboisement du département.
Cette valse préfectorale intervient dans un contexte bien particulier. Si les dernières élections ont été pour le parti du président un immense succès en Ile-de-France - Mme Pécresse a été élue au Conseil Régional - un malaise s’est fait jour au sein de la population : les réformes n’allaient pas assez vite, et trop de Séquano-Dionysiens ne bénéficiaient pas encore du bouclier fiscal.
Par ailleurs, les violences urbaines ont repris de plus belle avec le caillassage et l’incendie d’autobus à Tremblay-en-France la semaine dernière, preuve inquiétante que les habitants ne craignent pas assez la police.
Le chef de l’Etat a reconnu sa responsabilité personnelle dans cet état de fait, et en tire courageusement les conclusions en mettant à la porte son représentant direct dans le département, Nacer Meddah.
M. Meddah, qui avait dans un premier temps été qualifié de « préfet musulman » avant qu’il précise qu’il n’était pas musulman, puis de « préfet rebeu » jusqu’à ce qu’on se souvienne que ses parents étaient Kabyles et que c’était surtout pas la même chose, et enfin de « préfet issu de l’étrangeté » avant qu’on calcule que sa famille était française depuis 1830, est un préfet basané.
A ce titre, sa nomination était un geste politiquement courageux mais risqué dans un département qui compte beaucoup de musulmans, de rebeus et d’étrangers, mais aussi une forte minorité silencieuse qui n’irait pas jusqu’à dire qu’elle ne peut pas saquer les basanés, mais il faut reconnaître que Le Pen n’a pas toujours tort.
En particulier sur la fiscalité.
Un problème d’intégration évident : Nacer Meddah s’évertuait à porter sa casquette à l’endroit.
Las, M. Meddah n’a pas su convenablement représenter les nombreuses qualités du président de la République, qui selon ses proches en est très peiné : « lui qui avait une telle confiance, un tel attachement, un tel respect pour les musulmans les rebeus les Kabyles les basanés, ils s’en est trouvé tout chose » déclare un des ses proches sous le couvert de l’anonymat, mais en nous demandant de préciser qu’il « ne s’agit pas d’une rumeur, c’est béton ».
Il a par conséquent choisi de nommer dans ce département qui constitue une aiguille de taille dans la relaxante séance d’acupuncture que subit son bilan sécuritaire un homme en qui il a totale confiance. Et de l’attachement. Et du respect. Encore plus que pour les Arabes : Christian Lambert.
Christian Lambert arrivant à Bobigny. « C’est encore rouge », remarque le nouveau préfet.
Ancien patron du RAID à l’époque où l’unité d’élite a arrêté Yvan Colonna, puis préfet délégué pour la sécurité en Corse et directeur central des CRS, M. Lambert est depuis 2007 directeur de cabinet du préfet de police de Paris.
Un curriculum-vitae impressionnant, qui fait de lui l’homme idéal pour enfin normaliser les relations police-jeunes en Seine-Saint-Denis. Car si on affecte de n’y guère aimer la maréchaussée, c’est surtout parce que cette dernière est nulle au foot, qui d’ailleurs est un sport de tafioles comparé à l’urban raid en mini-motos.
Une bonne démonstration de close combat par un shérif ayant déjà fait ses preuves gagnera définitivement l’admiration des jeunes de banlieue, qui quitteront enfin l’univers feutré de l’enfance façon Brokeback Mountain pour entrer dans l’âge d’Homme des Hautes Plaines.
Les parents aussi devraient être rassurés de voir un homme d’expérience nettoyer les cités et leurs halls d’immeubles, d’autant plus qu’ils avaient peur d’ouvrir quand Nacer Meddah sonnait à l’interphone.
M. Lambert est actuellement à la prison de la Santé, à Paris, où une prise d’otages a lieu en ce moment-même. Il pourra ensuite gagner ses quartiers dans le 9-3.
Nous lui suggérons de conserver le scalp du forcené, en sautoir ou à la ceinture. Les petits caïds en chient en général dans leur froc, et une fois passé l’effet comique une relation apaisée de mutuel respect s’installe bien souvent.
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