La petite phrase de l’ancien président de la République a fait couler beaucoup d’encre, mais elle aurait selon les intéressés été sortie de son contexte et déformée par le internet. Pour Jacques Chirac, l’explication est très claire : « j’étais bourré ».

Le père de l’UMP a-t-il trahi sa famille politique en déclarant samedi « Je vais voter pour [François Hollande], sauf si Juppé se présente », ou bien s’agit-il d’un nouvelle preuve que l’assurance dépendance est la priorité numéro un du gouvernement français ?
Ni l’un ni l’autre si l’on en croit ses conseillers : « cette boutade a été prononcée dans un contexte très particulier, à l’issue du pot de l’amitié qui concluait la visite du musée de Sarran » déclare ainsi Mohamed Saeed al-Sayaf, le porte-parole de l’ancien président. « MM. Chirac et Hollande, tous deux Corréziens de cœur, se côtoient et s’estiment depuis de nombreuses années. C’est donc tout à fait naturellement qu’après sa septième Corona le Président a enlacé M. Hollande et lui a déclaré à haute voix qu’il était son meilleur ami. Je tiens à préciser que le volume sonore inhabituel de cette déclaration témoigne d’une sincère affection et n’a strictement rien à voir avec un hypothétique appareil auditif. »

Cette version des faits est plausible, M. Chirac étant d’un naturel très amical quand il a trois grammes dans le sang - on se souviendra en particulier du « François, t’es mon BFF ! » lancé à M. Mitterrand lors de l’élection présidentielle de 1981 et du « Toi et moi on est potes pour la vie ! » adressé à l’Electeur du FN Inconnu en 1991.
M. Hollande, qu’une telle manifestation de sympathie pourrait mettre en difficulté vis-à-vis de l’aile gauche du Parti Socialiste à quelques semaines de la primaire visant à désigner un candidat à l’élection présidentielle, tient lui aussi à minimiser la portée des propos de M. Chirac : « On boit un coup, on s’enflamme... Que celui à qui ça n’est jamais arrivé jette la première pierre ! Regardez, moi-même j’ai eu quatre enfants avec Ségolène Royal, alors bon. »

Les nombreux sympathisants de l’UMP peuvent donc se rassurer et voter tranquilles en 2012 : il ne s’agit de rien d’autre que d’un banal dérapage d’apéritif comme il en survient des millions en France chaque jour, qui ne présage en rien d’un recentrage des valeurs fondamentales de leur parti.