Didier Kala, mercredi 27 mai 2009 - 11:10
Un temps éclipsé par la projection d’Antichrist au Festival de Cannes, le Keyser Söze de l’analyse sociale est revenu lundi en pleine forme sur le devant de la scène. Temps estival oblige, il est arrivé à l’Assemblée Nationale avec un petit ballon d’essai à la main : et si, propose Frédéric Lefebvre, nous laissions ceux qui créent l’activité salariée décider de quand il fallait l’interrompre ? Une idée pleine de bon sens, d’après les lecteurs du Figaro, et qui devrait de surcroît alléger les dépenses de santé.
Si les media français sont revenus à la raison et n’agitent plus le torchon psychotique de la grippe A (du pipi de chat), de pseudo-experts n’en cessent pas moins de nous accabler de rapports alarmistes prévoyant l’infection d’un humain sur trois à l’automne.
Pour Raymond Corones, notre consultant en fantaisies animalières, « le risque relève peut-être de l’imaginaire, mais comme l’économie relève pour sa part de la science des rêves la probabilité d’une contagion existe ».
Dans ce contexte, il est hors de question de laisser le croquemitaine menacer le PIB français.
Voilà pourquoi Frédéric Lefebvre a déposé un amendement à un projet de loi (en l’occurrence la réforme du servage) qui devrait permettre aux salariés infectés de télétravailler de chez eux. Après tout, le travail c’est la santé.
Si l’amendement du Medef de M. Lefebvre a été rejeté en commission, l’idée a son charme et mérite d’être exploitée.
Selon Frédéric Lefebvre, « l’employeur pourrait [...] être incité à encourager le passage au télétravail en se voyant offrir une réduction de charges sociales, financée par les économies réalisées par la caisse d’assurance-maladie, qui n’aurait plus à verser d’indemnité au télétravailleur ».
Ce qui est plein de bon sens et ferait d’une pierre deux coups.
Cela permettrait d’une part aux moteurs de la croissance d’outrepasser les pouvoirs d’un lobby professionnel trop souvent tatillon et détaché du monde de l’entreprise : en quoi un médecin, qui voit ses patients au mieux une fois l’an, serait-il en effet mieux qualifié qu’un patron pour reconnaître un hypocondriaque tire-au-flanc ? Comme le savent les praticiens chinois depuis des temps immémoriaux, la maladie c’est souvent dans la tête, et quand on se retrouve tout nu dans une salle blanche devant un type en blouse qui collectionne des posters d’écorchés, et bien oui, on se sent tout chose, c’est normal. Rien de tel dans le bureau des RH, où les murs sont décorés de magnifiques et apaisantes reproductions de Sisley en quadrichromie roumaine [1].
Rien de tel qu’un entrepreneur, qui fréquente le travailleur au quotidien et connaît, lui, l’état de ses commandes à mi-trimestre, pour savoir exactement comment vont ses ouailles et les réconforter avec un petit sucre imbibé de Ricqlès. C’est doux, une épaule d’entrepreneur. C’est souvent emballé en Hugo Boss.
D’autre part, et c’est beaucoup plus important car on parle maintenant chiffres, déporter les dépenses de santé de l’Etat vers les entreprises permettrait enfin à ces dernières d’effacer plus de 60 ans de disgrâce et de prendre à nouveau la responsabilité de la Sécurité Sociale.
En leur proposant de transformer les charges sociales afférentes à la santé de leurs travailleurs en salaires de télétravailleurs, donc en pouvoir d’achat, donc en un peu plus de cotisations sociales pour le salarié, un tel projet stopperait immédiatement la cadence de forage de la Sécu. Ce qui ne serait pas une mince chose en cette période de récession et donnerait quelques bons points à la France si d’aventure elle devait prochainement demander de l’argent de poche au FMI.
La situation est donc un win-win-win intégral :
le télésalarié touche, de la part de son employeur, un salaire complet. C’est mieux.
l’employeur verse un salaire complet, comme d’ordinaire (même si c’est un peu cher, il faut le reconnaître), et est exonéré d’une partie des charges iniques qui ralentissent son développement. C’est mieux.
la Sécurité Sociale a moins de dossiers à gérer, et pourra offrir à ses fonctionnaires un espace de travail plus aéré lors de la prochaine vague de départs en retraite. C’est mieux.
Au vu de ce bilan totalement positif, il y a fort à parier que le ballon d’essai de M. Lefebvre, loin d’être transpercé par la Commission des Affaires Sociales de l’Assemblée Nationale, reviendra bientôt à la faveur d’une petite brise d’été, période à laquelle les Français sont rarement sous le vent.
Attention toutefois, lecteur salarié, aux pluies d’automne, qui peuvent rendre les escaliers du parking mal éclairés et très glissants. Il est si facile de trébucher contre un talon de fer négligemment oublié.
[1] Un concept esthétique remarquable, les brouillards du Danube affectant le magenta d’une manière originale
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