Didier Kala, jeudi 20 octobre 2011 - 11:47
Un détenu de 45 ans s’est donné la mort dans l’établissement pénitentiaire, le sixième suicide depuis le début de l’année 2011. Les syndicats de prisonniers mettent en cause l’organisation de la détention dans ce qui a été longtemps présenté comme une prison modèle.
Les Fauvettes ont été construites comme un laboratoire de réinsertion sociale. Située dans le centre de la Seine-et-Marne, entourée de champs de betteraves, la prison adopte une architecture discrète. Un partenariat public-privé a permis à Maisons Phenix de bâtir des blocs de cellules séparés au toit de tuiles, et le réfectoire est un bâtiment bas pourvu de larges baies vitrées et de tables multicolores. Placé entre les ateliers, un magasin tenu par Lidl est le centre névralgique de cette ville modèle réduit.
Les cellules sont équipées de télévisions à écran plat : aux Fauvettes, on souhaite que le détenu soit en phase avec la société pour qu’il puisse s’y réinsérer sans peine dès le jour de la sortie.
L’adaptation au rythme de vie des « autres », comme on les appelle ici avec pudeur, passe aussi par l’organisation du temps de travail. Les détenus, ou membres de « l’équipe », comme on les appelle ici avec respect, sont invités à travailler huit heures par jour pour gagner des « plumes ». Très légères, ces plumes peuvent être échangées au Lidl contre des articles de première nécessité.
Les tâches proposées correspondent aux compétences de chacun : l’un des ateliers propose par exemple aux prisonniers de développer des applications informatiques que leur ont sous-traitées les Indiens.
Le détenu qui refuse de travailler est soumis à une réduction graduelle de sa ration alimentaire afin de le responsabiliser. Celui qui montre des prédispositions asociales se voit interdire l’accès de son bloc par la direction et doit dormir dehors. Chaque soir, un maton social réévalue sa volonté d’intégration et peut l’inviter à rejoindre une cellule commune de réadaptation.
Tous les ans, les membres de l’équipe qui ont travaillé sans interruption ont droit à trois semaines de repos. Ils s’installent dans des caravanes au bord d’un petit étang, où l’administration pénitentiaire leur fournit gracieusement de l’anisette et des préservatifs pendant toute la durée du séjour.
Ce cadre étudié est pourtant trop dur pour certains individus. C’est ainsi que Jean-Pierre Ménard, un employé d’assurances âgé de 45 ans, a choisi de mettre fin à ses jours la nuit dernière.
Déjouant les solutions anti-suicide mises en place aux Fauvettes, il a rongé en silence les piles de sa télécommande, et c’est sans plus de bruit qu’il a enduré les affres de la combustion interne.
Si son décès est moins impressionnant que le précédent — en juillet un détenu avait succombé à une occlusion intestinale après avoir ingéré toutes les cravates en papier crépon du service comptabilité du bloc n°9 — il n’en pose pas moins de troublantes questions.
Incarcéré suite à une prise d’otages, M. Ménard, décrit comme un prisonnier calme, ne devait plus purger que 68 trimestres avant de retrouver la liberté. Selon ses « collègues », comme on les appelle ici avec délicatesse, il faisait même des projets pour août 2012 : « il rêvait de laisser tremper ses pieds dans l’étang en buvant son anisette » nous confie un camarade, visiblement ému.
Il s’agit du sixième suicide depuis janvier dans la prison modèle.
A l’annonce du décès de Jean-Pierre Ménard, les syndicats de détenus ont manifesté. Le plus important d’entre eux, la Fraternité Aryenne, dénonce « une atmosphère oppressante » et une « érosion des acquis sociaux » depuis plusieurs années. « En perdant Jean-Pierre, nous perdons beaucoup plus qu’un collègue » explique ainsi un responsable, HH88 [1]. « C’est la vie qui disparaît, l’intention de rester, le fil ténu qui nous relie à l’après, c’est un symbole très fort. Jean-Pierre serait sorti à 62 ans et demi. C’est encore jeune, 62 ans. Pourtant il n’a rien vu dans son avenir qui lui donne envie de continuer. Les gars qui restent se posent des questions, je peux vous le dire. ».
L’administration décline toute responsabilité et renvoie la balle aux prisonniers : « Jean-Pierre Ménard avait la possibilité de faire des heures supplémentaires dans son atelier, il ne tenait qu’à lui de se constituer un matelas de plumes pour rendre son contrat déterminé d’incarcération plus confortable. »
La direction ne s’en trouve pas moins dans une situation inconfortable : la disparition de M. Ménard risque de désorganiser le projet commandé par les Indiens, qui était déjà ric-rac en termes de jours/hommes. Un défaut de gestion des ressources humaines serait par ailleurs mal vu au moment de renouveler le conseil d’administration de la prison au printemps prochain. L’actuelle équipe dirigeante se doit donc de calmer la grogne des détenus avant cette échéance.
Dans ce but, des négociations ont été ouvertes entre le surveillant-chef et les organisations représentatives des prisonniers. Une prime annuelle de mille plumes serait en discussion.
Jean-Pierre Ménard sera inhumé dans un champ de betteraves mitoyen à la prison des Fauvettes.
[1] Le nom a été modifié pour préserver son anonymat.
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