Didier Kala, mardi 6 décembre 2011 - 12:20
Une micro-polémique a micro-éclaté hier sur le réseau de micro-blogging Twitter entre un représentant des Jeunes Populaires et la police de la pensée unique. Maxime B., porte-parole du mouvement de la jeunesse de l’UMP pour le Loiret, a présenté des excuses, mais la curée s’est poursuivie.
Pour ceux de nos lecteurs à qui cela aurait échappé, Twitter est cette immense cour de récréation numérique dont la principale caractéristique est l’égalitarisme entre individus dotés d’un ordinateur, d’un smartphone ou d’une tablette et d’un forfait data conséquent.
Le ministre y côtoie la star du showbiz et le citoyen lambda, et le dialogue libre qui en résulte fournit une matière première inestimable aux journalistes que l’actualité des grands emmerde.
Parce que Twitter est sur internet, la médaille a toutefois son revers. Cet égalitarisme a permis l’apparition d’une nouvelle génération de petits caïds brutaux, incontrôlables et acculturés, qui à la différence de leurs aînés mieux connus du grand public ignorent tout du rôle apaisant que peuvent tenir des mécènes comme Dassault, Lagardère ou France Télévisions.
Le spectacle auquel nous avons assisté hier est symptomatique de ce triste état de fait.
Maxime B., porte-parole des Jeunes Populaires pour le Loiret [1], tout à la fougue de ses 19 ans, a écrit ceci suite à l’intrusion de militants de Greenpeace dans des installations nucléaires :
« La gendarmerie aurait dû abattre les terroristes de #greenpeace ! Ils ne méritent pas de traitements particuliers… »
Remarque badine sur l’actualité, qui diffère uniquement des standards de Twitter par sa grammaire irréprochable.
Or Maxime B. a commis deux erreurs : il est jeune et de droite.
Le jeune de droite, s’il est un tant soit peu cohérent avec ses idées, milite. Malheureusement, son mouvement de prédilection est précisément la cible de l’opprobre des Nouveaux Caïds, à tel point que la présence d’un Jeune Pop sur Twitter ressemble plus à une pratique sadomasochiste qui confine à la pédophilie qu’à l’expression d’une opinion politique dans un cadre pluraliste.
Maxime B. a promptement effacé son message et s’est excusé en termes contrits, mais cela n’a pas empêché les événements de suivre leur cours, désormais bien connu : avalanche de réactions moqueuses sur Twitter et Facebook, débordement dans le monde réel avec un article de Libération [2], puis suspension de ses fonctions par l’UMP.
Trois leçons émergent de ce fait divers en 114 caractères.
Première leçon : la gauchosphère et Libération, si prompts à s’indigner du sort de l’opprimé, ont proprement lynché un gamin de 19 ans dont le profil Facebook cite comme films préférés Transformers et Harry Potter. Chantres quotidiens de l’anonymat et de la permissivité, ils ont par ailleurs offert à Maxime B. un beau défi pour faire valoir le droit à l’oubli dans les années qui viennent.
Seconde leçon, positive cette fois : la large reprise de cette affaire sur les sites des quotidiens généralistes — une petite vingtaine d’articles relevés ce matin sur Google Actualités — démontre bien qu’il y a aujourd’hui peu de sujets qui méritent qu’un journaliste perde du temps à mener une enquête approfondie. C’est une bonne nouvelle et cela rassurera les Français.
Nous prions toutefois les rédactions de noter que les lecteurs des articles traitant de Twitter sont des usagers de Twitter, et qu’ils savent déjà. Merci.
La troisième leçon touche au fond du problème.
L’intrusion d’étrangers sur un site sensible est potentiellement dangereuse pour la sûreté nationale. En suggérant que la gendarmerie aurait dû abattre les militants de Greenpeace - que la barbe touffue rend indiscernables des terroristes islamistes tant qu’ils ne poussent pas des petits cris de panda - Maxime B. ne fait qu’exprimer un souci de sécurité des installations nucléaires. Tout comme les écologistes et les socialistes.
Socialistes qui ne devraient pas oublier l’année 1985, quand François Mitterrand avait explicitement autorisé les services français à abattre les terroristes de Greenpeace à Auckland, en Nouvelle-Zélande, au nom de la sûreté de notre filière nucléaire.
Cette compréhension alternative des conventions du système métrique, connue sous le nom de « deux poids, deux mesures », nous aura au moins appris que certaines tempêtes se déroulent dans des verres d’eau lourde.
[1] Le trou dans la France au sud de Paris.
[2] L’appartenance de Libération au monde réel plutôt qu’au monde virtuel fait débat parmi les spécialistes, mais certains sociologues assurent que parfois un exemplaire papier est aperçu en liberté. Même si nous n’avons pas directement constaté les faits, nous choisissons par prudence de respecter l’hypothèse haute.
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