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Ainsi squattent-ils : ne faites pas ça à ma maison

Didier Kala, mercredi 5 juin 2013 - 11:03 Partager sur Facebook Tweeter Enregistrer sur del.icio.us Enregistrer sur Google Bookmarks Enregistrer sur Yahoo! Envoyer par e-mail

A la recherche d’un logement, des individus que tout sépare prennent possession de demeures prestigieuses avant de se rendre compte que leur agent immobilier les a roulés. Bon gré mal gré, ils entrent en résistance pour garder un toit au-dessus de leur tête.
Sur le mode du documentaire, Marie Maffre nous offre avec Ainsi squattent-ils une comédie printanière délicieusement impertinente. En salles aujourd’hui.

« Regardez à l’Hôtel de Sully : c’est exactement pareil que chez nous mais chez eux c’est nickel. »
Cette phrase prononcée par l’une des protagonistes résume parfaitement ce petit bijou. Là où L’Auberge Espagnole ou Les Maçons du Cœur adoptaient une production léchée et un casting calibré au millimètre, la réalisatrice Marie Maffre choisit une approche résolument low-cost : caméra à l’épaule, comédiens amateurs (tous formidables) issus de la troupe Jeudi Noir et dialogues improvisés habillent Ainsi squattent-ils du chaos très humain d’une maison habitée, bien loin des cliniques appartements témoins qui ont tué le cinéma français depuis belle lurette.

Le pitch de cette comédie locative est somme toute très simple, puisqu’elle suit quelques dizaines d’individus venus d’horizons divers qui réalisent enfin le rêve de tous les Français en accédant à la propriété.
Un détail leur met toutefois la puce à l’oreille : plutôt qu’un classique jeu de clés, l’agence immobilière leur fournit des outils de crochetage et un pied de biche. Dès lors, il leur faut très peu de temps pour découvrir que leurs nouvelles maisons (un très bel hôtel particulier Place des Vosges et un immeuble post-habitable avenue Matignon) appartiennent en fait à quelqu’un d’autre.
Commence alors une folle aventure aux doux accents surréalistes — on ne peut s’empêcher de penser à Luis Buñuel lors de la scène du piano — qui les voit tant bien que mal occuper leurs logements en marge du droit et adapter leur existence à la menace permanente des forces de l’ordre. Jusque dans les plus petits détails : on n’oubliera ainsi pas de sitôt la recette du tiramisquat, dans laquelle « le plus dur, c’est quand les CRS défoncent la porte ».

Le ton roboratif de cette comédie, on le doit en grande partie au choix qu’a fait Marie Maffre de suivre les codes narratifs du documentaire, qui avaient déjà fait le succès de films comme C’est arrivé près de chez vous ou This is Spinal Tap, et qui permettent de mélanger les genres sans craindre de tomber dans la pénible cacophonie quoi-la-baise que les cinéastes modernistes nous infligent dans des films choraux soporifiques.
On passe ainsi sans heurts du rire aux crampes d’estomac en se laissant porter de scènes intimistes en scènes d’action à la violence implacable [1], toutes habitées par des acteurs qui vivent littéralement leurs personnages.

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Le comportement irresponsable des squatteurs est mis en lumière. Ici, ils fument au lit.

Bien entendu, on peut critiquer certains aspects du film. La prépondérance donnée à l’expression de la vie même plutôt que la description misérabiliste de la vie en squat, par exemple. Les héros du film restent en effet propres et dignes du début à la fin, on ne voit aucune seringue et ils ont les moyens d’acheter du mascarpone — ils pourraient être n’importe qui plutôt que des squatteurs.
On peut aussi grincer des dents en voyant des élus ceints de l’écharpe tricolore bafouer les valeurs de l’Etat et se faire complices des squatteurs lors de diverses opérations de soutien.
De la même manière, on rit jaune quand l’une des squatteuses propose d’« ouvrir un bâtiment au cas où » lorsque l’expulsion s’annonce inéluctable, prenant ainsi le bien d’autrui très à la légère.
Ces embellissements d’un comportement asocial sont toutefois pondérés par la conscience, souvent exprimée, qu’ont les personnages de perpétrer un crime grave. De même, l’intervention avisée de personnages extérieurs, métaphores du spectateur honnête, qui soulignent que « ça ne se fait pas », et quelques rappels pédagogiques au droit relativisent ces libertés prises avec la morale et ne rendent pas nécessaire une interdiction du film aux moins de 16 ans.
Sans révéler l’épilogue, on peut enfin rassurer le spectateur patriote en disant que l’ordre social est sauf, puisque l’inaliénable droit à la propriété privée, et celui d’en faire n’importe quoi, est rétabli par la police à la fin du film.

Ainsi squattent-ils - Film français (2013), sortie le 5 juin - Documentaire - Durée : 90 minutes - Réalisé par Marie Maffre - Avec Jeudi Noir, leurs sympathisants, des chats et la police - www.ainsi-squattent-ils.fr - Cinq couilles de coq Brave Patrie.

Notes

[1On pense en particulier à l’assaut des forces de l’ordre avenue Matignon.

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