Scène surréaliste place Beauvau ce matin : réveillée par des pleurs étouffés, Anne Fulda se rend, encore embrumée de sommeil, dans la salle de bains ministérielle. Assis sur le bidet - un tabouret renversé près de la baignoire témoigne de son échec à y grimper - Nicolas Sarkozy ne porte qu’un pagne de tissu blanc et son torse est rasé. Lorsqu’il aperçoit la femme qu’il aime, le ministre lâche enfin son Gillette™ Mach3 Turbo® dont les piles commencent à flancher et éclate en francs sanglots : l’impossibilité de se faire hara-kiri avec des lames Power Glide™ à alignement progressif ajoute à son embarras et il aimerait bien, sans doute pour la première fois de sa vie, que personne ne puisse le voir.

Le premier flic de France a ces jours-ci le Kärcher mou : ses collègues, y compris le stagiaire issu de l’immigration, le critiquent ouvertement et sa méthode semble ne plus faire d’étincelles depuis jeudi dernier (« mais celles-là avaient du panache ! » le défend le député Yves Jégo sur son blog).
Après une semaine d’émeutes ininterrompues, on s’attaque maintenant directement aux antennes du ministère de l’Intérieur, les familles de victimes refusent de lui parler et son invitation à célébrer l’Aïd el Fitr ce soir à la mosquée Clichy-sous-bois lui a été envoyée dans une douille de grenade lacrymogène.
Pour un ministre de l’Intérieur et des cultes, c’est clairement la tehon. Voire un échec.

Nicolas Sarkozy en a tiré la leçon, et assumé ses responsabilités : ses pleurs séchés, il a ce matin soumis sa démission à Jacques Chirac.
Au Château, on ne sait pas encore comment y répondre. Sous couvert d’anonymat, un Président de la République nous confie : « Quand un pisse-trois-gouttes essaie de marquer son territoire, il s’urine dans les poils plus qu’autre chose, c’est normal. Les Français vont peut-être se rendre compte que Sarko n’en branle pas une. De l’autre côté, je le laisserais bien mariner dans son jus encore un peu, et la semaine prochaine, hop, je dissous le Conseil Général de Seine-Saint-Denis, je fais élire Alain Juppé et j’envoie les gendarmes dans la grotte d’Aulnay-sous-Bois. Infaillible. »

Les amis du ministre de l’Intérieur ont une autre vision des choses : dans un long article intitulé Les chiens réactionnaires n’auront pas la peau du Juche publié sur son blog, un député anonyme de la troisième circonscription de Seine-et-Marne prend fait et cause pour Nicolas Sarkozy : « Nicolas avait de toute façon l’intention de démissionner avant le lancement de la campagne présidentielle. Le faire maintenant, c’est un coup génial digne de Sun-Tzu : Villepin peut bien déclamer des vers pour les calmer un peu, les lascars du 9-3 vont jamais le respecter avec sa serpillère sur la tête. [...] Fin 2006, début 2007, alors que rien n’aura changé dans les cités, Nico revient après avoir organisé les Sections d’Assaut de l’UMP, fait un petit speech sur la caillera pour les exciter, ils foutent le feu au Reichstag, et vlan ! il est élu triomphalement à la présidence de la République. Ça peut pas louper, c’est une méthode éprouvée ! »

Malgré l’heure matinale, la rédaction de Brave Patrie a eu le temps de se réunir autour d’un ou trois petits blancs-sec et est arrivée à la conclusion que cette dernière méthode est effectivement infaillible. Notre conseil : vendez vos pavillons (sous bois).